Branle-bas de combat lors de la première réunion du comité préparatoire du prochain congrès national du PAM. Consacrée à l’élection du président du comité et à la définition de ses différentes commissions, la rencontre du 18 mai a viré à la guerre des clans entre celui de Hakim Benchamach, l’actuel secrétaire général du parti, et celui de l’ “Appel de l’avenir”, porté par 13 membres du bureau politique, du Conseil national, du bureau fédéral et du groupe parlementaire du parti ainsi que leur soutien respectif, créant une confusion sans précédent.
Tard dans la soirée du 18 mai, un communiqué de Hakim Benchamach explique que la réunion a été “levée”, alors qu’un autre communiqué de la présidence du comité préparatoire annonçait la nomination de Samir Goudar à la présidence de l’instance.
Dans son communiqué, le secrétaire général du parti du tracteur parle de “difficultés et obstacles rencontrés” lors des tractations pour l’élection du futur président du comité. Il ajoute : “alors que le secrétaire général ouvrait la procédure de candidatures pour la présidence de ce comité, certaines personnes ont semé la zizanie, chose qui rendait impossible la poursuite des travaux de la réunion (…) En conséquence, le secrétaire général a levé la réunion dont la date sera déterminée lors d’une réunion d’urgence du bureau politique”.
Le 20 mai, Khadija El Kor la porte-parole du PAM conforte la version de Benchamach en disant, le regard fuyant l’objectif de la caméra et d’un ton saccadé : “depuis le début de la réunion, de nombreuses violations ont été enregistrées, notamment par la présence en force de personnes qui ne sont pas membres de comité, mais aussi par le comportement de certains militants dénués des bases éthiques les plus élémentaires, ce qui a perturbé la réunion”.
Elle ajoute : “après le retrait du secrétaire général du parti de la salle ainsi que la majorité des membres du comité, le président du bureau fédéral (Samir Goudar, NDLR) s’est autorisé à ouvrir une nouvelle session de cette réunion, en violation flagrante des statuts de notre parti”. Pour elle, ce n’est qu’après le retrait de Benchamach que Samir Goudar a été élu par “30 personnes”. La porte-parole du parti au tracteur affirme que “les mesures nécessaires seront prises” contre les frondeurs.
Contre vents et marées, Goudar président
La version du clan Benchamach a été contestée par la présidence du comité préparatoire du 4e congrès du PAM. Selon un communiqué diffusé dans la nuit du 18 au 19 mai, on apprend qu’après plusieurs heures de vaines tractations, Hakim Benchamach “a proposé d’élire le nouveau président par vote direct. De ce fait, Samir Goudar est porté candidat et a réussi à avoir la confiance de la majorité écrasante des membres du comité. C’est à ce moment-là que le secrétaire général du parti s’est retiré de la réunion ce qui a provoqué le mécontentement dans les rangs du comité préparatoire”.
La présidence du comité préparatoire “regrette” que Benchamach se soit retiré de la réunion, mais “s’accroche” à l’élection de Samir Goudar et appelle le secrétaire général “à accepter la volonté du comité”. De plus, Fatima Zahra Mansouri, la présidente du Conseil national (absente de la réunion pour des raisons de santé), mais aussi Mohamed El Hammouti, président du bureau fédéral, ont félicité Samir Goudar, lui apportant ainsi leur soutien.
“Dès le début de la réunion, la tension était palpable. D’abord les deux clans ont voulu ajouter de nouveaux noms à la liste du comité préparatoire, ce qui est contraire aux règlements internes du parti. Puis, au cours des tractations pour la désignation du président du comité, le ton est monté”, nous raconte un responsable du parti ayant assisté à la réunion du 18 mai. “En somme, le clan de Benchamach voulait que Mohamed Benhammou (signataire de l’appel à la responsabilité, NDLR) ou Milouda Hazib accèdent à la présidence alors que le clan de l’appel à l’avenir avait choisi Samir Goudar. On était sur une bonne voie pour trouver une solution en désignant Hazib présidente et Goudar vice-président, mais après le ftour, le clan du secrétaire général a changé d’avis et ne voulait surtout pas de Goudar et nous sommes retournés à la case départ”, ajoute notre source.
Face à ce scénario, Benchamach a proposé le vote public, “Samir Goudar s’est présenté, la majorité l’a élu, mais mécontent, le secrétaire général a préféré suspendre la séance. On a tout de même continué la réunion, car ça devenait tellement absurde : ce poste est avant tout administratif !”.
Pour sa part, Samir Goudar, signataire de l’Appel à l’avenir et proche d’Ahmed Akhchichine, est déterminé à aller “jusqu’au bout”. “J’ai été élu sous les yeux de Hakim Benchamach, mais comme il a un problème par rapport à moi, il a décidé de lever la réunion. C’est tellement petit comme réaction. Même Staline il ne faisait pas ça !”, s’emporte le vice-président du bureau fédéral. “Il est habitué à avoir des gens qui se prosternent devant lui, mais ce n’est pas mon cas. Je ne comprends pas cette animosité envers ma personne,” ajoute-t-il.