La crise des enseignants-cadres des académies n’est pas totalement dépassée. À quelques jours de leur deuxième réunion avec le ministre de l’Éducation nationale, Saaïd Amzazi, prévue ce vendredi 10 mai, les représentants de la Coordination nationale des enseignants contraints à contracter (CNECC) ont changé de ton en brandissant, encore une fois, la carte de la grève. Manifestement, c’est l’absence de communication officielle de la tutelle, depuis le premier round de négociation, tenu le 13 avril, qui serait à l’origine de ce nouveau rebondissement.
Après la réunion de son Conseil national mardi à Rabat, la CNECC a haussé le ton contre le ministère de l’Éducation nationale qui “n’a pas respecté les termes de l’accord conclu 13 avril”, souligne le communiqué de la Coordination, diffusé hier. “Les enseignants contractuels ont respecté les termes de l’accord du 13 avril et ont levé la grève pour laisser place au dialogue, l’estimant comme le point de départ pour une solution définitive à notre crise”, explique Khadija El Bakkaye, membre du Conseil national de la CNECC.
Engagements non respectés
“Le ministère est très réactif quand il s’agit de sanctionner, alors qu’après la levée de notre grève il s’est tu : aucun communiqué officiel n’a été émis, aucune circulaire ou même une note interne invitant les directeurs des académies au respect des engagements du 13 avril”, fait remarquer l’enseignante. Par engagements, Khadija El Bakkaye entend “la suspension de toutes les mesures administratives et juridiques prises à l’encontre de certains enseignants, le versement des salaires toujours suspendus dans certaines régions, et la suspension des examens de qualification professionnelle”.
“Les enseignants ainsi que les organismes d’intermédiation, notamment l’Observatoire national, le Conseil national des droits de l’Homme et la Fédération nationale de l’enseignement ont enregistré, depuis le 29 avril, des violations de ces engagements de la part du ministère”, souligne le communiqué de la CNECC.
Dans les détails, “la procédure de licenciement n’a pas été annulée, les administrations régionales refusent de délivrer des documents administratifs. Elles refusent également les certificats médicaux en cas de maladie, ou même de grossesse”, mentionne le document. En plus, “les salaires des trois derniers mois n’ont pas été versés aux enseignants contractuels au niveau de plusieurs régions, alors que les salaires versés pour les autres ont été défalqués à hauteur de 1.000 dirhams”, précise Khadija El Bakkaye.
Une grève en perspective
Partant de ce constat, les enseignants-cadres des académies se disent prêts à reprendre le mouvement de grève “au cas où le ministère n’assume pas ses responsabilités et ses engagements envers les enseignants”, poursuit notre interlocutrice, avant de s’étaler sur les revendications classiques de la CNECC, notamment “le refus du recrutement régional” et “l’intégration de l’ensemble des enseignants-cadres des académies au statut général de la fonction publique”.
Ce vendredi Saaid Amzazi rencontre les représentants du Conseil national de la CNECC, ainsi que les secrétaires généraux des cinq syndicats les plus représentatifs du secteur de l’enseignement (FNE, UMT, CDT, UGTM ET FDT). L’objectif de ce deuxième round sera “d’améliorer l’offre du gouvernement dans le cadre du statut des cadres des académies, sécuriser le recrutement régional, le favoriser et le développer davantage, notamment en le cadrant par un texte de décret”, nous confie le ministre de l’Education. Ce décret devra “offrir une garantie supplémentaire aux enseignants”, poursuit le ministre confiant de ses capacités de mettre un terme à ce bras de fer qui dure depuis des mois.