Fin des poursuites engagées contre l’OCP au Kenya

La justice kenyane a annoncé le 9 mai la fin des poursuites engagées contre OCP Kenya et quatre employés de cette filiale du géant marocain des phosphates. L'intégralité des 5 800 tonnes d'engrais saisies par les autorités kenyanes dans le cadre de cette affaire ont été libérées sans conditions

Par

AFP

Vers une reprise des activités de l’OCP au Kenya ? Le représentant du parquet kenyan, Noordin Hajji, a annoncé le 9 mai la fin des poursuites initiées contre la filiale kenyane du géant marocain et quatre de ses employés. Le  représentant de la justice kenyane a également annoncé que les 5.800 tonnes d’engrais à l’origine de cette affaire seront libérés sans condition après avoir été consigné dans un entrepôt appartenant au groupe Bolloré, dans le port de Mombasa à l’est du pays. Selon le premier adjoint du président du parquet, la fin de ces poursuites fait suite à des discussions concluantes entre les parties.

Cette décision, en vertu de laquelle OCP Kenya et ses quatre employés sont acquittés,  marque ainsi la fin d’une affaire qui remonte au mois de janvier 2018, lorsqu’une cargaison de fertilisants siglés OCP spécialement conçus pour les sols kenyans est débarquée au port de Mombasa. Ces fertilisants, pourtant jugés conformes par une expertise du cabinet Veritas, n’ont pas pu être mis sur le marché car le Kenya Bureau of Standards (KEBS) estimait que le « certificat d’analyse (de la cargaison, ndlr) était incomplet », nous indiquait en juillet 2018 une source proche du dossier.

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Face à ce premier rejet, l’OCP aurait réclamé une deuxième expertise menée par Bureau Veritas, tandis que le KEBS a, lui aussi, effectué un nouveau test en parallèle. La seconde analyse menée par Veritas a alors indiqué une nouvelle fois que les fertilisants marocains étaient conformes au marché kenyan, tandis que celle menée par l’autorité kenyane a relevé des concentrations en nitrogène et en soufres en deçà de celles prévues dans le cadre de la revente d’engrais de l’OCP au Kenya, affirme notre interlocuteur.

Au vu des résultats divergents des deux expertises, un ultime test a été réclamé par l’OCP pour s’assurer de la conformité des engrais qu’il comptait commercialiser sur le marché kenyan. Comme l’indique un communiqué publié par le géant marocain en juin 2018, cette nouvelle phase de test a impliqué, en plus du cabinet Veritas, deux  « sociétés d’inspection de renommée internationale », à savoir SGS et Cropnuts. Ce n’est qu’à l’issue de cet ultime test que l’OCP se serait vu accorder, « à travers une lettre en bonne et due forme », le droit de mettre en vente son produit par le KEBS, selon les termes de notre interlocuteur.

Le 22 juin, les autorités kenyanes ont procédé à l’arrestation de sept responsables du KEBS, équivalent kenyan de l’ONSSA et annonçait  annoncé leur intention d’interpeller les cadres d’OCP Kenya. Selon le ministère public, ces poursuites intervenaient après « plusieurs plaintes » déposées auprès du Directoire kenyan chargé de l’investigation criminelle (DCI).

L’affaire a ensuite pris de l’ampleur lorsque le MV Mykonos Bay, un cargo battant pavillon britannique et transportant des fertilisants pour le compte de l’OCP, a été dérouté alors qu’il devait décharger 10.000 tonnes d’engrais au port de Mombasa. Alors que l’OCP a toujours assuré que ces produits étaient conformes au marché, l’entreprise a annoncé au mois de juillet la suspension temporaire de ses importations vers le Kenya. La fin des poursuites entamées contre l’entreprise pourrait donc ouvrir la voie à un retour des fertilisants du géant marocain au pays des Harambee.

Le déroutage de ce bateau avait fait réagir le patron de la DCI George Kinoti, qui était également à l’origine des poursuites visant les sept fonctionnaires du KEBS et les quatre responsables de l’OCP Kenya. Il a accusé l’entreprise marocaine de vouloir éviter tout contrôle des autorités kenyanes dans des déclarations à la presse. « Ce qui a été chargé dans ce bateau peut être dangereux et c’est pour ça qu’ils (OCP,ndlr) ne veulent pas qu’il soit inspecté », a affirmé le responsable kenyan selon le site d’information Kenyans.co.ke.