Le Conseil de sécurité a adopté ce mardi la résolution 2468 relative au mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara (MINURSO) qui est prorogé de six mois. 13 pays membres de l’instance onusienne ont voté en faveur du texte tandis que l’Afrique du Sud et la Russie se sont abstenues de voter le texte. Dans un communiqué diffusé à la presse, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, réagit à l’adoption de cette résolution qui, selon lui, “revêt une importance particulière”. Il note que le texte, qui n’a toujours pas été rendu public constitue “une évolution qualitative, contient des éléments structurants pour le processus politique, et précise les paramètres de la solution définitive à ce différend régional”. Le ministre affirme également que “le Maroc espère que cette résolution donnera une forte impulsion au processus politique”.
Le ministre des Affaires étrangères se félicite également du fait que le Conseil de sécurité “confirme clairement les contours de la solution” dans cette résolution qui appelle à l’adoption d’une “politique réaliste, pragmatique et durable, basée sur le compromis”. Pour le Maroc cette formulation signifie que les pistes du “référendum” ou de “l’indépendance”, défendues par les autres parties au conflit, ne sont “ni réalistes, ni pragmatiques, ni mutuellement acceptables, ni encore moins basées sur le compromis”.
À ce sujet Nasser Bourita note que le terme de “compromis” est mentionné à cinq reprises dans la résolution, tandis que la notion de “réalisme” est reprise quatre fois. Pour le Maroc, une “solution de compromis” au conflit du Sahara passe par “son initiative d’autonomie”.
De son côté le représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, a souligné que la résolution évoquait la recherche d’une solution « réaliste, pragmatique » tout en affirmant que le texte établit aussi un lien clair entre “compromis et audétermination”.
6 mois vs 1 an
Du côté de la France, qui est un membre permanent du Conseil de sécurité, on se “félicite” également du renouvellement du mandat de la MINURSO. Alors qu’il s’agit du troisième renouvellement consécutif du mandat de la mission onusienne pour une durée de six mois, la diplomatie française a tenu à rappeler “son attachement au retour à un mandat de douze mois” dans son explication de vote.
Au mois d’octobre dernier, Paris avait tenté d’infléchir la position américaine sur la durée du mandat de la MINURSO. A noter que la Guinée Équatoriale, membre non permanent du Conseil de sécurité, s’est également prononcée en faveur d’un mandat d’un an pour la mission onusienne, affirmant qu’un mandat de douze mois permettrait de travailler “de manière ininterrompue”.
L’Allemagne, qui copréside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU avec la France, a fait part de son plein soutien au chef de la MINURSO, Colin Stewart, et à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Horst Köhler. S’exprimant devant le Conseil de sécurité, le représentant permanent de l’Allemagne auprès des Nations unies a déclaré que “le conflit du Sahara n’est pas un conflit abstrait”, soulignant que celui-ci a impacté “la vie de milliers de personnes de manière quotidienne pendant plusieurs décennies”.
Colère sud-africaine
Deux pays se sont abstenus de voter la résolution : la Russie et l’Afrique du Sud. Mais la réaction de vote la plus virulente est sans doute à mettre au crédit de Pretoria et de son représentant permanent auprès des Nations unies, Jerry Matthews Matjila. Ce dernier n’a pas mâché ses mots à l’encontre des États-Unis qui ont rédigé la résolution. Le diplomate sud-africain a d’abord tenu à rappeler que la MINURSO “a été créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara occidental pour que son peuple puisse utiliser son droit à l’autodétermination”.
Il a ensuite critiqué le contenu de la résolution affirmant que celle-ci “n’est pas équilibrée” et “ne reflète pas les efforts entrepris par les deux parties” avant de remettre en cause “des libellés ambigus et peu clairs”. Le diplomate a également reproché à Washington d’avoir produit un texte qui cherche “à influencer” une solution politique finale.
Le représentant permanent sud-africain a également reproché au Conseil de sécurité de l’ONU de “résister à une surveillance des droits humains (au Sahara, NDLR) par la MINURSO, et ce malgré le fait que de nombreux pays à cette table sont prompts à proposer de tels mécanismes dans d’autres mandats (onusiens, NDLR)”.
Enfin, le diplomate sud-africain a également déploré le fait que le conflit du Sahara fasse l’objet de décisions venant de “ceux qui ne sont pas de notre continent”. La Russie, qui s’est abstenue de voter le texte pour la troisième fois consécutive, a quant à elle déploré “une dilution de paramètres déjà convenus” visant à “orienter” une solution finale.
Le vote de cette résolution clôt une période clé pour le dossier du Sahara à l’ONU. Désormais les regards sont rivés sur la prochaine table ronde de Genève, qui devrait avoir lieu durant l’été. Elle précédera le vote de la prochaine résolution sur la MINURSO qui aura donc lieu au mois d’octobre prochain.