Près de 1,3 milliard de dollars. C’est le montant déboursé par le Maroc lors de l’année 2018 pour se fournir en armes de fabrication américaine. Un chiffre tiré du rapport publié par le Security assistance monitor (SAM), un programme de contrôle de la vente d’armes aux Etats-Unis mis en place par le think tank Center for international policy.
A l’échelle de la région MENA, le Royaume est le cinquième client des Etats-Unis en matière d’armement, derrière l’Arabie saoudite (4,5 milliards de dollars), Israël (2,1 milliards de dollars), Bahreïn (1,4 milliard de dollars) et l’Egypte (1,3 milliard de dollars). A l’échelle mondiale, le Maroc est le 19e client des fabricants américains alors qu’en 2017, le Royaume ne figurait pas dans le top 20 mondial.
Le rapport de SAM met également en évidence les principaux deals conclus. On apprend ainsi que l’Arabie saoudite a acheté pour 1,3 milliard de dollars d’obusiers, tandis que l’Egypte a dépensé un milliard de dollars dans des hélicoptères d’attaque de type Apache, et 300 millions de dollars en munition de chars. Les Emirats Arabes Unis ont, pour leur part, acquis plusieurs pièces de missiles Patriot pour 344 millions de dollars et ont acheté pour 270 millions de dollars de missiles air-sol Solewinder. Le Qatar a quant à lui déboursé quelque 300 millions de dollars pour se fournir en missiles aériens.
Face à ces chiffres alarmants, le rapport signé par les experts William Hartung et Christina Arabia souligne que les acquisitions faites par l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis sont susceptibles d’être utilisées dans le cadre des interventions des deux pays dans le conflit au Yémen. Dans le cas de l’Egypte, les hélicoptères d’attaque ainsi que les munitions de char sont “explicitement” fournis au pays dans le but de soutenir la campagne antiterroriste menée dans la péninsule du Sinaï, d’après le rapport. Une campagne qui a été à plusieurs reprises pointée du doigt en raison du lourd bilan humain qu’elle a entrainé, et du déplacement massif des civils, rappellent les experts.
Dans un communiqué datant du 25 mars, le ministère américain de la Défense américain annonçait que le Maroc comptait doubler sa flotter d’avions de chasse de type F-16 en commandant 25 nouveaux appareil, et en demandant la mise à niveau des 23 autres avions qui composent déjà sa flotte. Selon des informations obtenues auprès d’une source non officielle proche des FAR, 45,87 milliards de dirhams ont été investis pour l’achat de nouveaux F16 et la mise à jour des anciens. Une opération qui s’inscrit dans le plan quinquennal des FAR qui arrive à son terme en 2022.
Les USA vendent moins
Les auteurs du rapport relèvent toutefois une baisse globale de ventes d’armes par les Etats-Unis depuis l’arrivée du président Donald Trump à la Maison Blanche. En 2018, elles atteignaient 78,8 milliards, soit 3,4 milliards de dollars de moins que la première année de son mandat.
Si la part de la région MENA dans ces ventes est passée de 36,6% en 2017 à 21,9% en 2018, les Etats-Unis demeurent l’un des principaux fournisseurs d’armes dans la région. Les auteurs du rapport relèvent notamment que 68% des importations d’armes par l’Arabie Saoudite provenaient des Etats-Unis entre 2014 et 2018. Sur la même période, ce chiffre est de l’ordre de 65% pour le Qatar, et 64% pour les Emirats Arabes Unis.
Les experts relèvent que la grande majorité des accords d’armement ont été conclus durant le mandat de Barack Obama. Beaucoup de ces accords sont en toujours en cours de validation, et certains équipements en voie de livraison.
D’après des données de la Pentagon’s Defense Security Cooperation Agency, des accords estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars n’ont pas encore été concrétisés. A titre, d’exemple l’Arabie saoudite a déboursé 76 milliards de dollars pour s’équiper en armes américaines entre 2009 et 2017. Durant cette période, elle n’a reçu que l’équivalent de 22 milliards de dollars.