Le 30 mars, sur la scène de l’auditorium de l’Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidines et morchidates. Ce jour-là devant une centaine de spectateurs privilégiés, dont le roi Mohammed VI et le pape François, le chœur et l’orchestre philharmonique du Maroc interprétaient un arrangement de l’Ave Maria de Caccini, à l’occasion de la visite papale. Une performance durant laquelle les trois religions monothéistes ont été célébrées en vue de “prôner une image de tolérance, de paix, de dialogue et de respect entre les deux religions”, nous explique Caroline Saunier, directrice déléguée de la Fondation Ténor pour la culture, à l’origine de l’Orchestre philharmonique du Maroc (OPM).
Si pour certains la performance de l’OPM samedi dernier était une découverte, elle n’a pourtant rien d’une première. Lancée en 2016, la série de concerts “Les religions à l’unisson” est devenue un rendez-vous incontournable pour les férus de la musique classique. “Il permet de découvrir les grandes symphonies du répertoire, interprétées par des solistes de renommée internationale”, précise Caroline Saunier. Fin octobre 2018, le chef d’orchestre franco-marocain Mehdi Lougraida, le violoncelliste français Jérôme Perno et la violoniste franco-roumaine Sarah Nemtanu interprétaient en tant que “représentants des trois grandes religions monothéistes”, le Double Concerto de Johannes Brahms et la Symphonie rhénane de Robert Shumann à Casablanca, Rabat et Agadir.
Mais la performance du samedi devant les deux chefs d’État était toute particulière. “C’était une demande de haut lieu pour prendre part à ce grand événement”, confie encore Caroline Saunier. Sous la houlette du chef d’orchestre français Jean-Claude Casadesus, sa fille Caroline Casadesus interprétait l’Ave Maria de Caccini, accompagnée du muezzin casablancais Smahi Harrati et de la chanteuse française Françoise Atlan. Un arrangement propre à l’OPM, mené par la pianiste Dina Bensaid, qui se veut un lien entre les chants religieux.
Visite papale oblige, le Chœur philharmonique s’est joint également au brassage musical pour “donner plus de poids à l’œuvre”, assure Caroline Saunier. Il n’y a pas eu de répétition majeure avant la prestation, les musiciens étant habitués à l’arrangement. “Une semaine était largement suffisante pour les musiciens. On a dû répéter la veille, avec la présence des vocalistes”, conclut la directrice de la Fondation Ténor pour la culture. Rendez-vous en automne pour un nouvel appel au dialogue et au vivre-ensemble entre les trois religions monothéistes.