Un avion-cargo marocain a été envoyé au Mozambique, a indiqué le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI), rejoignant le ballet incessant des avions militaires et hélicoptères remplis de journalistes et d’humanitaires, qui dansent dans le ciel de l’Afrique australe depuis le passage du cyclone Idai dans la nuit du 14 au 15 mars. « On a l’impression d’avoir affaire aux conséquences d’une guerre à grande échelle », a déclaré le ministre de la Défense par intérim, Perrance Shiri.
L’acheminement de cette aide humanitaire de 39 tonnes, comprenant notamment des tentes, des couvertures, des biscuits à haute valeur énergétique etc. est assuré par les Forces Armées Royales. « Cette action fait suite à l’appel à l’aide internationale lancé par les autorités mozambicaines. Elle exprime la solidarité permanente du Royaume du Maroc avec les populations de ce pays africain endeuillé par une catastrophe naturelle particulièrement sévère », explique le ministère.
Au Mozambique meurtri par le cyclone, "l'eau était pleine de serpents". Reportage auprès des survivants ➡️ https://t.co/naC3BH7Q6s #AFP pic.twitter.com/wGgvfhWH0l
— Agence France-Presse (@afpfr) March 24, 2019
Alors que l’eau se retire lentement des zones inondées, particulièrement dans la ville de Beira détruite à plus de 80%, le bilan, toujours préliminaire, s’alourdit. Idai a fait au moins 446 morts et affecté 1,8 million de personnes affectées à travers le pays, dont 900.000 enfants. Et ces estimations risquent d’être revues à la hausse, le président mozambicain, Filipe Nyusi, a annoncé que le nombre de victimes pourrait dépasser le millier. « Les eaux des rivières Pungue et Buzi ont débordé et fait disparaître des villages entiers, isolant des communautés. Il y a des corps qui flottent. C’est un véritable désastre humanitaire », a-t-il assuré au cours d’une intervention télévisée à Maputo.
Conséquence du réchauffement climatique
Le Programme alimentaire mondial a passé la situation au Mozambique au niveau 3, au même seuil que la Syrie ou le Soudan du Sud. De son côté, les Nations unies ont annoncé une aide de 20 millions de dollars. « Cependant, un soutien international beaucoup plus important est nécessaire », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres. « Ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont de fonds pour soutenir la réponse dans les jours, les semaines et les mois à venir. »
As the official death toll from Cyclone Idai rises sharply, the BBC's @Pumza_Fihlani witnesses the trail of destruction that has left thousands in Mozambique stranded and homeless
[tap to expand]https://t.co/rJFKQPEVqx pic.twitter.com/1GSWi8lA1V
— BBC News (World) (@BBCWorld) March 24, 2019
Le cyclone Idai apparaît comme une concrétisation du réchauffement climatique, qui cause un déréglement complet de la saison des pluies au Mozambique. Les épisodes de grande sécheresse sont de plus en plus fréquents dans ce pays de plus de sept millions d’habitants, en particulier dans les régions du centre et du sud.
Selon les données de la Banque Mondiale, les températures moyennes dans l’ensemble du pays ont augmenté en moyenne de 6 ° C (0,15 à 0,16 ° C par décennie) depuis 1960 ; et la proportion de jours de fortes précipitations a augmenté de 2,6% par décennie, soit environ 25 jours par an. Les températures devraient augmenter de 1,4 à 3,7 ° C d’ici 2060, deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale. En 2018, le Mozambique a connu l’épisode de sécheresse le plus important de ces trente-cinq dernières années.
Les cyclones sont fréquents au Mozambique. En 2000, les inondations ont emporté environ 700 personnes, 20 000 troupeaux de bovins et 1 400 km² de terres arables . Une catastrophe inédite qui avait coûté 6 points de croissance au pays, qui ne s’est jamais vraiment remis sur pied depuis.