A Rabat, le président du parlement turc fait les yeux doux au Maroc

En visite au Maroc, le président du parlement turc en a profité pour louer la réaction du Royaume face au mouvement Gülen, inviter  le roi Mohammed VI en Turquie, et réitérer la position de son pays par rapport à la marocanité du Sahara.

Par

Mustafa Sentop, président du parlement turc. Crédit: DR

Le président du parlement turc Mustafa Sentop ne tarit pas d’éloges sur le Maroc et sa “rigueur” vis-à-vis du mouvement Gülen, accusé par les autorités turques d’avoir fomenté le coup d’État avorté de 2016. “Le Maroc fait partie des pays qui ont compris notre sensibilité par rapport à l’organisation terroriste de Fathallah Gülen (…) Ce mouvement est un instrument aux mains d’un renseignement mondial qui représente une menace pour d’autres pays que la Turquie”, explique avec véhémence Mustafa Sentop ce mercredi, en marge d’une rencontre avec Hakim Benchamach, président de la Chambre des conseillers. Ce cadre de l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, fait référence à la décision du ministère de l’Intérieur de fermer des écoles affiliées au mouvement Gülen en 2017.

Venu au Maroc pour participer à la 14e session de la conférence de l’Union parlementaire des États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Mustafa Sentop a tenu à inviter le roi Mohammed VI à effectuer une visite en Turquie. Il précise selon Telquel Arabi que “le président Recep Tayyip Erdogan a déjà envoyé un de ses plus importants conseillers au Maroc pour inviter le roi Mohammed VI”.

Le 25 janvier, İbrahim Kalın, porte-parole de la présidence turque, s’était rendu au Maroc et y avait rencontré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. A cette occasion, les deux hommes avaient évoqué “la hausse du volume commercial et des investissements réciproques, le développement des relations diplomatiques, l’ouverture africaine de la Turquie, les sujets de sécurité régionale […], l’activation du conseil de coopération stratégique de haut-rang signé entre les deux pays en 2013”, selon la télévision d’Etat turque TRT.  La coopération dans la lutte contre le mouvement Gülen avait également été évoquée lors de ces discussions selon la même source.

Sahara : Ankara et Rabat sur la même longueur d’onde

Evoquant le dossier du Sahara, Mustafa Sentop a réitéré le soutien d’Ankara à Rabat. “La Turquie n’autorisera aucune activité hostile aux intérêts du Maroc et à son intégrité territoriale”, déclare-t-il. Il a également affirmé que les échanges maroco-turcs ne reflétaient  pas “l’ampleur et la force des relations diplomatiques des deux pays”.

Interrogé sur la décision du Maroc de suspendre les exonérations de droits de douane sur certains produits turcs importés comme le textile et l’habillement, le président du parlement turc a affirmé que  “cette mesure est négative, mais le volume des transactions économiques entre le Maroc et la Turquie est toujours en hausse”.

Si les échanges commerciaux entre les deux pays ont progressé suite à l’entrée en vigueur d’un accord de libre-échange en 2006, c’est surtout la Turquie qui en profite. Les importations marocaines en provenance de la Turquie ont atteint 19,3 milliards de dirhams en 2017 contre 5,5 milliards de dirhams en 2006 selon le ministère de l’Économie et des Finances. Les exportations marocaines vers le pays d’Atatürk ont atteint 6,9 milliards de dirhams en 2017 contre 1,1 milliard de dirhams en 2006.