Aziz Akhannouch est en pré-campagne électorale. C’est du moins ce que laisse paraitre l’interview accordée par le président du RNI et ministre de l’Agriculture à l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son édition du 3 au 9 mars. Un entretien où celui qui est aussi l’actionnaire du groupe Akwa et l’une des plus grandes fortunes du Royaume revient sur son parcours de businessman, ses méthodes de travail au sein de son département de l’Agriculture, ses relations avec le roi Mohammed VI, le conseiller royal Fouad Ali El Himma et évoque les ambitions du RNI en vue des élections législatives de 2021. Extraits choisis.
Le mélange politique-business
Avant d’être nommé à la tête du ministre de l’Agriculture et désigné en 2016 par les partisans du RNI pour « conduire le changement » de la formation à la colombe, Aziz Akhannouch s’est surtout distingué dans le monde des affaires.
Mais le patron du RNI ne cherche pas à se défaire de son image de businessman dans cet entretien accordé à Jeune Afrique : « Je suis fier de mon parcours d’entrepreneur, fier d’avoir réussi à préserver, moderniser et développer des affaires familiales qui ont soixante ans d’existence ».
Lui ministre, ça « ne coûte pas grand-chose au budget de l’Etat ». En effet, il confirme qu’il n’a « jamais été rémunéré en tant que ministre » et affirme prendre en charge ses « propres voyages (à caractère professionnel, ndlr) ainsi que ceux de [ses] collaborateurs ».
Proximité royale
Réputé proche du roi Mohammed VI, Aziz Akhannouch doit-il son poste à ses relations avec le souverain ? « La seule fois où Sa Majesté m’a demandé formellement d’occuper un poste politique, c’était en 2011, afin que je reste à la tête du ministère de l’Agriculture et de la Pêche », répond l’intéressé, tout en rappelant qu’il avait été désigné président du RNI avant la formation du gouvernement El Othmani.
Le ministre ne renie pas pour autant sa proximité avec Mohammed VI. « La plupart des partis politiques rêvent d’une proximité avec le Palais royal, car il n’y a pas de meilleur appui », affirme-t-il à ce sujet. Evoquant ses relations avec le conseiller royal Fouad Ali El Himma, il affirme que celles-ci sont purement professionnelles : « nous avons de très bonnes relations dans le cadre de nos missions respectives. Si nous avons des problèmes qui se posent à un certain niveau, et qu’il faut avoir un éclairage de Sa Majesté, nous nous adressons à son conseiller pour obtenir un retour ».
Le Hirak vu par Akhannouch
Autre sujet abordé lors de cet entretien fleuve, les tensions sociales qu’a connues le Royaume durant ces deux dernières années, notamment à Jerada et dans le Rif. Des mouvements décrits par Aziz Akhannouch comme étant le résultat de « mécontentements sociaux » et de « demandes légitimes de la population » eux même provoqués par le « cumul de retards de certains projets destinés à résorber le déficit social ».
Se penchant sur le cas particulier du Hirak du Rif, il affirme que le mouvement de contestation est notamment dû à un « un problème d’agenda », étant donné que « ces évènements ont coïncidé avec une période de flottement postélectorale » ce qui a laissé « le populisme prendre le dessus sur la réalité ». Le président du RNI pointe également un manquement de la part des partis politiques qui « auraient pu mieux encadrer la population » selon lui. En guise de solution, Aziz Akhannouch fait référence à sa devise (“agharass, agharass”) en affirmant qu’il « va falloir fournir plus d’effort, accélérer la croissance économique pour résorber le chômage, amplifier les réformes afin d’améliorer l’attractivité pour les investisseurs ». Sans toutefois présenter de solutions concrètes.
Objectif 2021
Fait rarissime, Aziz Akhannouch s’exprime également sur le mouvement boycott qui a notamment visé la société Afriquia dont il est actionnaire. « Avez-vous vu la main du PJD derrière la campagne de boycott de 2018, qui a visé entre autres l’une des sociétés de votre groupe familial ? » l’interroge Jeune Afrique. Réponse de l’intéressé : « Je l’ignore, mais ce qui est évident, c’est qu’un malaise social a été exploité à fond à coups de manœuvres politiciennes. Si cette campagne ne visait que ma personne, cela aurait été un moindre mal. J’ai appris à encaisser. Mais le phénomène a touché l’économie marocaine dans son ensemble. Il y a eu un flottement, un doute chez les investisseurs marocains et étrangers. Heureusement, notre tissu productif a su faire preuve de résilience, et nous sommes sortis plus forts de l’épreuve ».
Dans cet entretien avec Jeune Afrique, Aziz Akhannouch évoque également l’un des principaux évènements à venir de l’agenda politique marocain : les élections législatives de 2021. Un scrutin que le président du RNI prévoit de remporter car « chaque parti qui se respecte a pour ambition de remporter les élections ». Une ambition que le parti de la colombe compte concrétiser en tentant de convaincre les absentionnistes : « sur les 21 millions de Marocains en âge de voter, seuls 7 millions vont aux urnes. Ce sont ces 14 millions de voix potentielles qu’il faut convaincre ». Pour ce faire, le président du RNI compte notamment s’appuyer sur des tournées régionales de proximité : « Lors de la première réunion que j’ai tenue à Dakhla, en tant que chef de parti, il y a deux ans, il n’y avait pas plus de 100 participants. Hier [le 23 février, NDLR] , dans la même ville, nous avons rassemblé près de 5.000 personnes en meeting », se félicite Aziz Akhannouch.