À 29 ans, elle est devenue la plus jeune élue du Congrès en l’emportant dans le 14e district de New York. À coup de tweets et stories Instagram, Alexandria Ocasio-Cortez renverse l’establishment avec brio.
C’est la figure politique la plus en vue à Washington (et que personne n’avait vu venir). À 29 ans, Alexandria Ocasio-Cortez incarne la nouvelle vague démocrate : une jeune femme originaire du Bronx, d’une mère portoricaine, défendant un programme social démocrate radical assumé, qui remporte haut la main l’un des 27 sièges de l’Etat de New York. Les démocrates de l’establishment tremblent, craignant d’être victimes de ses tweets virulents.
C’est que les méthodes de l’élue démocrate sont iconoclastes et audacieuses. Alexandria Ocasio-Cortez utilise Twitter avec brio pour mener le débat national et fixer elle-même l’ordre du jour. Certains comparent même sa technique à celle de Donald Trump… Après avoir formé ses collègues démocrates à une communication parfaitement huilée sur les réseaux sociaux, à coups de selfies et d’emojis, Alexandria Ocasio-Cortez a fait jouer le Comité d’éthique à un jeu anti-corruption, mercredi 6 février.
The fact that my candidacy & win was unlikely enough to generate excitement around its novelty proves my premises exactly.
Congress has been ~80% male, disproportionately rich, & deeply unrepresentative of the American public.
Wins like mine *should* be more common.They aren’t. https://t.co/qxhDCmINGu
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) February 7, 2019
« Admettons que je sois vraiment un très sale type, que j’ai des cadavres dans le placard que je veux couvrir pour être élu. » Pendant cinq minutes, la benjamine de la Chambre s’est mis dans la peau d’un « très sale type » — allégorie, on le comprend très vite, de Donald Trump —, face à une commission bouche bée. « Donc je peux être totalement financée par les géants des hydrocarbures, les grands groupes pharmaceutiques et rédiger ensuite des lois importantes en leur faveur ? » interroge Alexandria Ocasio-Cortez. « Y a-t-il des limites à ce système ? » En face, la réponse est sans appel : il n’y en a aucune.
Earlier today we had our second Oversight hearing of the 116th Congress. It was about voting rights and the role of money in politics.
I asked the expert witnesses to indulge me in a small game.
Here’s what happened ⬇️ https://t.co/q31QdNx9KE
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) February 6, 2019
Et elle enchaine, la verve infatigable, démontrant par l’interrogatif qu’il n’est pas illégal d’acheter le silence de certaines personnes, en évoquant les sommes versées pour empêcher des femmes de parler de relations extraconjugales qu’elles assurent avoir eues avec Donald Trump. « Feu vert pour l’achat de silence, je peux faire toutes sortes de choses horribles », lâche Alexandria Ocasio-Cortez.
Une héroïne Netflix
Alexandria Ocasio-Cortez n’est ni lisse, ni consensuelle. Et ça plaît dans les sphères des jeunes gauchistes américains. En quelques semaines, la jeune élue s’est érigée en symbole millennial et féministe, poussant le débat démocrate toujours plus à gauche. Les médias américains la surnomment déjà la « superstar socialiste », la « tueuse de géant démocrate » ou encore « la Latina du Bronx qui a défié la machine démocrate ».
The President defended Neo-Nazis who murdered a woman in Charlottesville.
The Dept of Justice sued him for not renting to Black tenants.
He launched his campaign by calling Mexicans “rapists.”
He banned Muslims.
The President is racist. And that should make you uncomfortable. https://t.co/RapKlDB99K
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) January 8, 2019
Une grande partie de cette réputation est due à sa présence sur les réseaux sociaux, où elle compte plus de 2,5 millions d’abonnés sur chaque plateforme. Plutôt que de traiter ses publications comme des communiqués de presse, elle leur insuffle de l’humanité, de la vulnérabilité même. Elle parle politique en live sur Instagram en cuisinant un ramen ou en écoutant l’icône afro pop Janelle Monáe, publie des posts sur le burn-out et l’importance de prendre du temps pour soi et répond habilement et franchement aux trolls… Alexandria Ocasio-Cortez semble maitriser la narration numérique à la perfection.
Et elle sera bientôt… sur Netflix. Le géant du streaming s’est offert, pour la modique somme de 10 millions de dollars, les droits du documentaire Knock Down the House, sur la campagne des midterms de la self-made congresswoman. Le début d’une saga.