Benalla a transféré 353 000 euros d'un contrat russe au Maroc

Une nouvelle enquête de Mediapart sur les contrats russes négociés par Alexandre Benalla révèle que l'ancien conseiller du président de la République française a transféré des centaines de milliers d'euros au Maroc.

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Alexandre Benalla Crédit: Thomas SAMSON / AFP

Poursuivi pour « violences sur des manifestants » lors de l’épisode de la Contrescarpe le 1er mai 2018, impliqué dans une affaire de contrat avec un oligarque russe proche de Vladimir Poutine – par ailleurs soupçonné de liens avec la mafia -, Alexandre Benalla est une nouvelle fois dans l’œil du cyclone après les révélations, ce lundi 11 février, de Mediapart. Une enquête du site d’information français affirme que l’ancien conseiller de Macron a fait affaire, en décembre dernier, avec un second oligarque russe. Une partie du montant du contrat a été récupérée par Alexandra Benalla au Maroc.

Alexandre Benalla, a, alors qu’il était toujours en poste à l’Élysée, « personnellement négocié (pour le compte de Mars, la société dirigée par Vincent Crase, un acolyte de Benalla lui aussi mis en examen pour violences le 1er mai 2018) de bout en bout un contrat de sécurité de 294 000 euros trimestriels avec un oligarque proche de Vladimir Poutine« , écrit  Mediapart, citant Jean-Maurice Bernard, un ex-policier dont la société, Velours, a agi en tant que sous-traitante du marché.

Cet oligarque, c’est Iskander Makhmudov, 22e fortune russe, à la tête d’un empire industriel. D’après la même source, « les négociations, commencées début 2018, se sont tenues dans un café proche de l’Élysée, mais aussi dans les locaux du parti présidentiel, La République en Marche (LREM)« . Mais le scandale de l’épisode de la Contrescarpe éclate et Alexandre Benalla est contraint de mettre le contrat russe à l’abri des regards des enquêteurs.

Pour ce faire, le contrat est récupéré par France Close Protection, une société dirigée par Yoann Petit, l’un des hommes embauchés par Velours pour protéger le clan Makhmudov. « Les statuts de France Close Protection, qui prévoient d’assurer en France et à l’étranger « la protection » de personnes, mais aussi de réaliser du « conseil pour les affaires », sont déposés le 2 octobre selon le média français. Une semaine plus tard, le gendarme Vincent Crase ferme le compte bancaire de sa société Mars« , raconte Mediapart, pour qui « France Close Protection n’est rien d’autre que le nouveau paravent du marché russe de Benalla & Cie avec Iskander Makhmudov« .

Dans la foulée, Alexandre Benalla négocie, pour le compte de France Close Protection, un deuxième contrat russe avec un autre oligarque proche de Poutine, le milliardaire Farkhad Akhmedov. « Signé le 2 décembre 2018, ce contrat prévoit la protection de l’homme d’affaires et de ses enfants lors de ses séjours en France, en Suisse, et dans différents pays d’Europe. Montant total (hors taxe) : 980 000 euros« , rapporte Mediapart. Un premier virement de 353 000 euros atterrira quelques jours plus tard sur le compte de France Close Protection.

Alexandre Benalla transférera la somme au Maroc, via Instra Conseil, une société fraîchement créée le 2 novembre 2018 et domiciliée à Marrakech. L’objet social d’Instra Conseil ? « Exploitation de services-conseils en sécurité à l’export« . D’ailleurs, « l’ancien collaborateur de Macron a notamment été vu, en fin de semaine dernière, dans un cabaret de Marrakech, le Lotus Club« , indique Mediapart, photo à l’appui.

Crédit : Mediapart