La guide de survie culturelle au Salon du livre de Casa

Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir faire en marge du salon international du livre de Casablanca qui se tient du 08 au 17 février ? Suivez le guide.

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SIEL
Crédit : Yassine Toumi

Si vous êtes du genre à faire très vite le tour des stands du salon international du livre de Casablanca (SIEL) qui se tient du 08 au 17 février à l’Office des Foires et Expositions, sachez que plusieurs évènements se greffent à la plus importante manifestation littéraire du royaume. En marge donc de cette 25e édition du SIEL, vous aurez l’occasion de boire les paroles d’écrivains, penseurs et philosophes, d’admirer les œuvres de grands artistes espagnols (l’Espagne étant l’invité d’honneur de cette édition) et de vous trémousser sur de la musique qui vient de l’espace.

Voyage au bout de la péninsule ibérique

Explorer l’histoire de l’art espagnol du XXe et du début du XXIe siècles à travers la collection de la fondation Enaire, structure étatique chargée de la gestion des aéroports en Espagne, c’est ce que propose la curatrice Ángeles Imaña avec l’exposition itinérante « Depuis l’intimité ». Vous aurez ainsi l’occasion de voir une centaine d’œuvres d’artistes espagnols majeurs de l’art abstrait, l’expressionnisme en passant par le surréalisme avec entre autres Joan Miró, Antoni Tapiès, Luis Gordillo ou encore Josep Guinovart. Montrée à Paris, Toulouse et Rabat, « Depuis l’intimité » débarque à Casablanca en marge du SIEL.

Du 8 au 28 février, Villa des Arts de Casablanca

Joan Miro, chez le roi de Pologne, 1966. © DR

Afro-Space Poetry, c’est quoi ?

La musicienne et poétesse sénégalaise Ngnima Sarr et son groupe Tie and the love process réinventent les codes de la musique et de la poésie avec leur « Afro-Space Poetry », un mélange cosmique entre rock, soul, jazz et tassu, une forme de joute oratoire sénégalaise. Le groupe décloisonne les frontières entre le son, l’image et les mots et présentera le spectacle « Lâcher l’homme ! » pour la première fois à l’Institut Français de Casablanca. Cette performance sera suivie d’une rencontre autour de la question de la décolonisation des imaginaires d’Afrique avec Ngnima Sarr, le curateur camerounais Simon Njami et l’enseignant et chercheur en sociologie Mehdi Alioua et le chroniqueur Murtada Calamy.

Samedi 09 février, 19h30, Institut Français de Casablanca.

A la découverte de Rirha

Situé dans la plaine du Gharb (aux environs de Sidi Slimane), Rirha est un site archéologique qui est au cœur d’un important programme de recherches conduit depuis 14 ans par une équipe maroco-française. Ce projet de recherche d’envergure tente de percer les mystères de l’évolution historique et culturelle de cette zone (patrimoine culturel national depuis 2001) de l’époque maurétanienne (5ième siècle avant av. J.-C) à l’époque médiévale islamique (jusqu’au 14ième siècle). Pour en parler, l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine invite une partie de l’équipe en charge du projet à savoir Mohamed Kbiri Alaoui, Abdelfattah Ichkhakh,
Elsa Rocca et Charlotte Carrato.

Mardi 12 février, 17h, salle Averroès, SIEL.

La site Rirha. © DR

Khatibi, encore et toujours

Qu’il pose son regard et sa plume sur le discours sioniste et la lutte palestinienne dans Vomito Blanco (1974), sur la décolonisation de la pensée et le rapport à la langue de l’autre dans Maghreb pluriel (1983), sur les principales tendances dans l’art contemporain du monde arabe dans L’art contemporain arabe: prolégomènes (2001) ou sur sa propre histoire de décolonisé dans le roman autobiographique Mémoire tatouée (1971), Abdelkébir Khatibi, était un homme habité. Habité par l’envie de créer une pensée décloisonnée et affranchie qui résonne aujourd’hui encore. Une rencontre sera consacrée à ce sociologue et romancier de talent avec entre autre l’auteure et psychiatre Ghita El Khayat (qui a signé Correspondance ouverte avec Khatibi en 2005) et le professeur de littérature comparée Khalid Zekri.

Jeudi 14 février, à 15h, salle Juan Goytisolo, SIEL.

Abdelkébir Khatibi. © DR

Et si on parlait de Leftah ?

Longtemps boudée par l’intelligentsia littéraire marocaine, l’œuvre de l’irrévérencieux  écrivain Mohamed Leftah sort, peu à peu, de l’anonymat. En 2018, La croisée des chemins a annoncé la réédition de « quelques titres » de l’écrivain décédé dix ans plus tôt au Caire. La maison d’édition a ouvert le bal avec Une chute infinie et promet d’autres rééditions dans les mois qui suivent. Au salon du livre, l’auteur des Demoiselles de Numidie ou Hawa sera au cœur d’une discussion avec le critique littéraire (grâce à qui l’œuvre de Leftah a été dépoussiérée) Salim Jay, l’écrivain Mohammed Hamoudan et le poète Rachid Khaless.

Vendredi 15 février, 15h, Salle Averroès, SIEL.

Mohamed Leftah. © DR