Plus de 60 représentants des professionnels du secteur du transport routier de marchandises ont rencontré le ministre de l’Equipement au siège de son département le 5 février. L’objectif ? Trouver les solutions adéquates aux différentes problématiques relatives à ce secteur.
Un délai supplémentaire
Le département d’Abdelkader Amara avait diffusé un projet de contrat-programme auprès des différentes parties prenantes afin de recueillir leurs remarques. Selon un communiqué, le ministère du Transport a reçu les remarques de 17 instances professionnelles sur les 51 concernées.
Il a été décidé, dans ce sens, d’accorder un délai supplémentaire d’un mois pour permettre aux autres instances de faire parvenir leurs retours, afin d’entamer l’élaboration de la version finale du projet.
Ce contrat-programme « notifiera les engagements annoncés par la tutelle, mais également les règles auxquelles doivent se conformer les différents acteurs du secteur du transport routier de marchandises », nous explique Abdelghani Berrada, secrétaire général de la Fédération générale des transporteurs sur route et port.
L’engagement est donc mutuel. « Ce contrat-programme devrait répondre aux différentes attentes des professionnels du secteur notamment en ce qui concerne la restructuration du secteur, la couverture médicale, le redressement de la taxe à l’essieu, et le redressement des tarifs d’autoroute », poursuit notre interlocuteur, précisant que les professionnels sont appelés notamment à « régulariser leur situation fiscale et à améliorer les conditions de travail de leurs collaborateurs ».
Une nouvelle procédure
Lors de la réunion du 5 février, les nouvelles dispositions de la loi de finances 2019 concernant le renouvellement du parc roulant ont été évoquées. D’après le texte, l’aide accordée par l’État dans le cadre du programme de renouvellement du parc de camions utilisés par les transporteurs, a été revalorisée de 20 à 25%. Il faut ajouter à cela une subvention à l’achat d’un véhicule neuf et une prime à la casse. Le communiqué du ministère du Transport annonce que ces nouvelles mesures entreront en vigueur à partir du 15 février.
97.000 conducteurs en attente de formation
Un autre point qui intéresse les professionnels du secteur, la formation professionnelle. Le ministère a annoncé que 81.000 conducteurs disposent de la carte professionnelle au titre de cette année. 73.000 n’ont pas encore bénéficié de formation continue, et 31.000 conducteurs exercent dans le secteur du transport des marchandises sans carte de conducteur professionnel.
Ainsi, d’après les premières estimations, environ 97.000 conducteurs devraient bénéficier d’une formation (formation initiale et formation continue) au titre de l’année 2019. Ils seront environ 111.000 en 2020.
La charge des véhicules, le hic
La question de la charge des véhicules demeure le principal point de discorde. Pour rappel, Abdelkader Amara s’est engagé, après une réunion du 3 novembre 2018 dans un contexte de grève parlysant les points logistiques, à revoir la limite en vigueur pour le tonnage maximum des véhicules, afin de réévaluer la marge de flexibilité. Une commission présidée par Khalid Cherkaoui, secrétaire général du ministère du Transport, avait été créée. Elle rassemble les différentes parties prenantes, dont les experts du Centre national d’homologation et les représentants des concessionnaires. En attendant le rapport final de ladite commission, « le surtonnage sera traité par les autorités compétentes avec flexibilité dans la limite de 30% », avait déclaré le ministre.
« Le ministre a commis une erreur en accordant une marge de tolérance de 30% sur la charge des véhicules », s’insurge Abdelghani Berrada. Le représentant de la Fédération générale des transporteurs sur route et port se base sur l’avis des concessionnaires qui se sont montrés contre tout dépassement du poids total maximum chargé. « Tout dépassement pourrait s’avérer dangereux pour le conducteur, le véhicule, la chaussée, ainsi que la sécurité routière », explique-t-il.
En outre, cette situation a créé une forme de « concurrence déloyale », souligne le responsable. Ainsi, « un petit camion qui devrait supporter 8 tonnes de charge utile transporte jusqu’à 24 tonnes, ce qui casse les prix et nuit aux intérêts des semi-remorques autorisés à transporter ce poids », poursuit notre source.
Points de contrôle en « OFF »
Le ministre a affirmé à Le360 qu’« à partir de 18 tonnes de charges, tous les poids lourds doivent subir des contrôles routiers de la part de la police, de la gendarmerie et des inspecteurs du transport ». Or, depuis la décision de son département d’assouplir les contrôles routiers, « les plans de bascules mobiles ont été désactivés, laissant plonger le secteur dans le chaos », martèle Abdelghani Berrada.
A l’issue de la rencontre de mardi, il a été convenu de tenir des réunions avec chaque catégorie de professionnels. Objectif : « apporter plus d’efficacité et désamorcer les problématiques subsistantes », informe le communiqué. Le prochain rendez-vous, prévu le 12 février sera consacrée aux représentants de la catégorie des véhicules de plus de 18 tonnes. La rencontre du 13 février sera consacrée aux conducteurs professionnels, tandis que celle du 14 février sera destinée aux représentants de la catégorie des véhicules de moins de 18 tonnes.