Malgré leur visa, trois artistes marocains refoulés "comme des criminels" à la douane

Malgré un visa en règle, trois danseurs de hip hop marocains du collectif “The Lions Crew” se sont vus refuser l'accès aux Pays-Bas à l'aéroport d'Eindhoven où ils se rendaient pour participer à une compétition internationale. De retour au Maroc, ils racontent leur mésaventure et protestent en clamant :  “I’m not a criminal, I am an artist”.

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Un point de contrôle dans un aéroport européen (image d'illustration) Crédit: AFP

Le 10 janvier dernier, Hamza (20 ans), Omar et Ahmed (21 ans), danseurs hip-hop de nationalité marocaine sont arrivés au contrôle des passeports à l’aéroport d’Eindhoven. Objectif de leur séjour : participer à une battle internationale de hip-hop qui se tenait le 12 janvier dans la ville. Tous les trois étaient Munis de leurs visa Schengen ainsi que 300 euros à eux trois. Toutefois, l’agent de la douane leur a refusé l’accès au territoire néerlandais, invoquant manque de moyens de subsistance et de preuves des raisons de leur séjour.

Après plusieurs heures d’attente dans un bureau au sein de l’aéroport, et de multiples interrogatoires et fouilles d’autres agents, ils sont transférés vers un poste de police en dehors de l’aéroport. Les artistes signent des documents en néerlandais qu’ils ne comprennent pas. “I’m not a criminal, I am an artist”(Je ne suis pas un criminel, je suis un artiste, traduction), répétait en boucle Hamza, comme le précise un communiqué de presse diffusé sur les réseaux sociaux, par Maria Daif, actrice culturelle, qui a accompagné les danseurs notamment lorsqu’elle était directrice du centre culturel casablancais L’Uzine. Ils sont emmenés dans un centre de détention pour clandestins à Rotterdam, en attendant leur renvoi vers le Maroc, sans savoir combien de temps l’opération prendra.

« I’m not a criminal, I am an artist »

Selon le récit de Maria Daïf, dans le centre, leurs affaires sont confisquées et les trois acolytes sont de nouveaux fouillés au corps et scannés de la tête aux pieds. Lors des rares moments où ils ont le droit de quitter leur cellule, les trois danseurs se lient d’amitié avec d’autres Marocains qui leur conseillent de porter plainte contre l’Etat néerlandais. Les jours suivant, ils rencontrent un avocat commis d’office et un haut-représentant de l’Etat marocain au Pays-Bas, prévenus par L’Uzine.

Le 15 janvier, des agents viennent chercher Hamza et Omar, mais pas Ahmed. Ils sont alors remis au personnel navigant de Ryanair. Une fois au Maroc, les deux danseurs sont remis aux autorités marocaines, comme le veut la procédure. “Nous avons traversé tout l’aéroport accompagnés par des policiers, comme si nous étions de dangereux criminels. Tout le monde à l’aéroport nous regardait”, raconte Hamza dans le communiqué.

Stars du Hip Hop

Après un interrogatoire à la Wilaya de police de Marrakech, Hamza et Omar sont relâchés, munis de leurs passeports où leurs visas Schengen de trois mois ont été révoqués par les autorités néerlandaises. Deux jours plus tard, Ahmed a droit au même traitement.

Les trois artistes  se disent encore ébranlés par l’épisode qu’ils ont vécu.  “Trois jours après être rentrés, ils étaient encore terrorisés,” déclare Maria Daïf à TelQuel. A présent, les trois danseurs souhaitent comprendre les raisons de leur enfermement et de leur renvoi vers le Maroc. Ils considèrent avoir vécu une injustice et souhaitent avoir des explications et excuses de l’Etat néerlandais, en portant plainte. “Nous demandons à être remboursés sur les frais que nous avons engagés pour ce voyage. Nous voulons avoir la certitude que ce qui nous est arrivé n’arrivera pas à d’autres artistes et que notre droit de voyager en Europe et de participer à des battles nous est toujours garanti, malgré ce qui est arrivé”, martèlent-ils, dans le même communiqué de presse.