Le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de la justice et du développement (PJD) se rendent coup pour coup. Dans une longue lettre ouverte publiée dans la soirée du 28 janvier sur sa page Facebook, le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme Mustapha Ramid s’adresse directement au président du RNI, Aziz Akhannouch. « J’ai vu le communiqué du bureau politique de votre parti datant du 11 janvier 2019. Le ton avec lequel vous évoquez les difficultés rencontrées par les commerçants (ndlr, sur la facturation électronique) est surprenant. Vous n’avez pas hésité à faire porter toute la responsabilité au gouvernement actuel, ainsi qu’au précédent », souligne d’abord Ramid dans ce message.
بسم الله الرحمان الرحيم إلى السيد عزيز أخنوش رئيس حزب التجمع الوطني للأحرار المحترم.السلام عليكم ورحمة الله. وبعد،…
Publiée par المصطفى الرميد sur Lundi 28 janvier 2019
Dans le communiqué en question, le bureau politique du RNI estime que « la source de ces problèmes vient d’une série de mesures adoptées par le gouvernement précédent dans la Loi de finances 2014 (…) et cela s’est poursuivi le gouvernement actuel et l’adoption de la Loi de finances de 2018 qui comprend le système de facturation électronique ».
Pour Mustapha Ramid, ces déclarations peuvent être attribuées à « un parti étranger à la gestion gouvernementale et non un parti qui compte des ministres dans le gouvernement et qui constituent même son noyau dur et dont la responsabilité est directement impliquée dans le sujet ». Une référence aux ministères de l’Economie et de l’Industrie qui sont chapeautés par Mohamed Benchaâboun et Moulay Hafid Elalamy, tous deux RNIstes.
« J’ai hésité »
« J’ai hésité à vous faire parvenir cette lettre ouverte jusqu’à la lecture du communiqué du 27 janvier 2019 du Conseil national de votre parti, dans lequel vous avez insisté sur la nécessité de rehausser le niveau du discours politique qui reste la responsabilité de tous les acteurs politiques, d’adopter un discours de clarté et d’ouverture et d’éviter la politisation dans le traitement des problèmes majeurs actuels et futurs de la patrie » affirme le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme dans cette missive adressée à Aziz Akhannouch.
Pour Mustapha Ramid, le discours du RNI est contradictoire. « Votre parti est impliqué dans les deux gouvernements. Et la réalité est que le problème des commerçants est lié à deux secteurs que votre parti gère. Par conséquent, si le gouvernement est solidairement responsable, et c’est le cas, l’examen montre que le parti qui gère les secteurs de l’économie, des finances, de l’industrie et du commerce détient la plus grande et lourde responsabilité dans ce dossier», relève le ministre PJD. « Si vous vous entêtez à dire que la gestion de ces deux secteurs ne vous concerne pas (…), vous détruisez alors un des principes fondamentaux de la démocratie, tel qu’il a été adopté par la constitution marocaine, à savoir le principe de la reddition des comptes », prévient-il.
« Et si au RNI vous n’êtes pas responsables de la gestion faite par vos ministres, qui en est alors responsable ?», s’interroge ensuite Mustapha Ramid, estimant que le RNI ne veut s’attribuer que les réalisations positives du gouvernement actuel et non ses échecs. « Où est le discours de clarté et de franchise dans tout cela ? », poursuit-il, assurant qu’un vrai « discours de clarté devrait dire que, quoi qu’il en soit, la responsabilité (dans le dossier de la facturation électronique) est celle de tous ». Et de conclure que cette « lettre ouverte n’a pour objectif que de confirmer les règles de base évidentes de toute action gouvernemental ainsi que la ferme responsabilité de toutes les entités gouvernementales dans ces dernières ».
La publication de ce message de Mustapha Ramid intervient quelques jours seulement après une sortie de Saad Eddine El Othmani, lors de laquelle le Chef du gouvernement s’en était pris au RNI à mots couverts. Lors d’un discours prononcé le 26 janvier à Agadir devant des militants du PJD, le secrétaire général du parti de la lampe avait affirmé, en référence au communiqué du RNI, qu’ «il y a un parti au sein du gouvernement qui s’attribue tout ce qui est positif et qui rejette sur les autres la responsabilité des échecs même si ce sont ses membres qui en sont les acteurs ».