Didier Lamblin, 38 ans chez Danone, livre à TelQuel une interview tout en humilité, parsemée de remerciements aux consommateurs, qu’il interpelle ici en leur qualité de « citoyens ». « Nous avons compris », martèle-t-il, rappelant que son entreprise a perdu « entre 20 et 30% de ses ventes, et 500 millions de dirhams ». « Une perte monstrueuse (…) une perte sèche », regrette-t-il.
Période de vaches maigres
Cette nouvelle a impacté le business, mais aussi la vie de l’entreprise (voir vidéo à partir de 11 :50). « Quand vous perdez de l’argent, cela réduit vos marges de manœuvre. Nous faisons des économies sur nos déplacements en apprenant à travailler plus en vidéoconférence plutôt que de prendre l’avion. Nous faisons plus attention à différents frais de vie. Nous avons demandé aux équipes d’être sûrs avant de dépenser un centime. Nous avons demandé aux équipes d’opération (supply chain, industrie, achats) plus d’efficience pour éviter les pertes », énumère-t-il.
Centrale Danone s’est serré la ceinture et ne cache pas la menace qui a pesé sur la survie même de l’entreprise. « Si nous n’étions pas aidés par les banques et le Groupe Danone, on serait dans une situation très compliquée Nous avons récupéré un tiers de ce que l’on a perdu, mais il reste deux tiers. C’est très significatif », détaille-t-il, avant de nous renvoyer vers la communication financière officielle qui sera publiée « dans un mois », le groupe étant coté en bourse.
Dans cet exercice de communication, il reste peu disert sur les mesures concrètes. Mais il promet des « surprises » en 2019 et en 2020. « Nous avons décidé avec les épiciers, les éleveurs et les vendeurs de prendre le temps de reconstruire ». Seule annonce, sa réaction aux rumeurs d’abandon de l’activité distribution : « externaliser la vente de nos produits, jamais ».
Il annonce aussi l’arrivée sur le marché de nouveaux produits de « grande qualité nutritionnelle et organoleptiques » mais qui resteront « accessibles ». Quand on l’interroge sur les rumeurs de plan social, le PDG reprend ses éléments de langage, assurant que l’entreprise n’a rien fait, et ne fera rien, sans l’assentiment des salariés et des partenaires sociaux. Mais il reste prudent : « si les consommateurs qui nous ont abandonné ne reviennent pas, nous devrons nous adapter ». Ce que l’on retient : 2019 et 2020 seront deux exercices déterminants pour l’avenir de Centrale Danone au Maroc.