Malgré un accord avec la tutelle, les médecins comptent poursuivre leur contestation

L’accord « de bonne volonté » conclu le 24 décembre entre le ministre de la Santé Anass Doukkali et le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) n’a pas pu mettre fin au feuilleton des contestations des blouses blanches. Une grève nationale a été d'ailleurs observée les 28 et 31 décembre.

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Image d'illustration Crédit: Reda Anouar

A l’issue d’une année 2018 marquée par les multiples journées de grèves entreprises par les médecins, le ministre de la Santé, Anas Doukkali, a tenu le 24 décembre une réunion avec les représentants du syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). L’objectif ? Poursuivre le dialogue social et mettre un terme à un bras de fer qui dure depuis 18 mois.

Dans l’accord scellé par les deux parties à l’issue de cette rencontre, la tutelle affirme sa volonté de poursuivre le dialogue avec le SIMSP en s’engageant à améliorer, dès que possible, les conditions de travail ainsi que les conditions financières des médecins. C’est ce dernier point qui constitue la pierre angulaire des blouses blanches et qui a mérité un intérêt particulier de la part du ministère de la Santé.

Dans ce sens, la tutelle a fait part de son « ambition » d’adopter plusieurs propositions du syndicat, notamment l’application de l’indice salarial 509 dans le calcul du salaire des médecins. Le ministère de la Santé a également annoncé son intention de rajouter deux grades après le grade « hors échelle » et s’est engagé à accélérer le versement des indemnités de la garde obligatoire, du service obligatoire et des indemnités de responsabilité.

L’accord entre les deux parties a également permis la mise en place de trois commissions ayant pour mission d’étudier les propositions du syndicat relatives à l’amélioration des conditions de travail des médecins et d’accueil des citoyens, la possibilité d’instituer la médecine générale en tant que spécialité à part entière dans le système sanitaire ainsi que la révision du décret portant sur la garde et le service obligatoire.

Concrétisation

Du côté du SIMSP, un petit doute plane toujours sur la suite qu’accordera la tutelle aux termes de l’accord, pourtant ratifié conjointement. « Cela fait plus d’un an et demi que nous militons pour avoir des droits les plus élémentaires et jusqu’à aujourd’hui rien ne s’est réellement concrétisé », déclare El Mountadar Alaoui, secrétaire général du syndicat.

Si ce doute subsiste, cela peut s’expliquer par le fait qu’un accord conclu en décembre 2015 avec le prédécesseur de Doukkali, El Houcine El Ouardi, et portant sur l’amélioration des conditions de travail des blouses blanches ainsi que sur l’équivalence du diplôme en médecine avec le doctorat national, n’avait pas été concrétisé. « Depuis la ratification de cet accord, rien n’a été fait, et l’accord est tombé à l’eau », regrette El Mountadar Alaoui.

Une déception qui expliquerait pourquoi les médecins ont décidé de poursuivre la contestation en attendant la concrétisation de l’accord conclu avec la tutelle. D’ailleurs, une grève nationale a été observée les 28 et 31 décembre. « Selon les premières données à notre disposition, le taux de réussite de cette grève s’élève à 71%, et ce malgré les retenues sur les salaires des grévistes appliquées par l’Exécutif », se félicite El Mountadar Alaoui, avant d’ajouter : « Nous disposons également de plusieurs listes de démissions collectives que nous déposerons au ministère au cas où l’Exécutif n’assumera pas toutes ses responsabilités et ses engagements ».

A noter qu’une nouvelle réunion rassemblant  responsables du ministre de la Santé et représentants du SIMSP est prévue pour le 7 janvier prochain.