Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait été saisi par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, après des informations de presse faisant état d’un voyage en Afrique de l’ancien collaborateur de la présidence grâce à ces passeports.
L’entourage de ce dernier a indiqué vendredi à l’AFP que lesdits passeports lui avaient été restitués « début octobre », mais s’est refusé à tout commentaire sur leur éventuel usage.
M. Benalla a déjà été à l’origine d’une tempête politique cet été, après avoir été identifié sur des vidéos en train d’interpeller violemment des manifestants à Paris le 1er mai, alors qu’il était présent aux côtés des forces de l’ordre en qualité d’« observateur ». Pour ces faits, il a été mis en examen à deux reprises.
Il a de nouveau fait parler de lui ces derniers jours, à la suite d’un voyage au Tchad, quelques jours avant le président Emmanuel Macron. Selon Mediapart et Le Monde, il a utilisé ces dernières semaines ses passeports diplomatiques pour aller rencontrer des dirigeants en Afrique.
L’enquête ouverte samedi vise également l’« usage sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle » et l' »exercice d’une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ou d’une activité réservée aux officiers publics ou ministériels », a précisé le procureur de la République de Paris dans un communiqué.
La présidence avait plaidé cette semaine l’ignorance: elle a dit ne disposer « d’aucune information remontée par les services de l’État concernés sur l’utilisation par M. Benalla des passeports diplomatiques qui lui avaient été attribués dans le cadre exclusif de ses fonctions à la présidence de la République ».
Cette dernière avait repoussé sur le Quai d’Orsay, disant avoir, dès le renvoi de son collaborateur en juillet, « demandé aux administrations compétentes » de récupérer les passeports, entraînant la saisine du procureur vendredi.
Plus largement, une passe d’armes s’est engagée ces derniers jours entre l’Élysée et M. Benalla, touchant de nouveau le sommet de l’Etat alors que l’exécutif est déjà confrontée depuis des semaines à la crise des « gilets jaunes ».
Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, avait d’abord sommé l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron de s’expliquer sur « d’éventuelles missions personnelles et privées » menées « comme consultant » alors qu’il était « en fonction à l’Élysée », à la suite des informations de presse sur ses voyages en Afrique.
Ce à quoi Alexandre Benalla a répondu dans un courrier à l’Elysée dont l’AFP a obtenu copie, qu’il n’avait « jamais effectué de missions personnelles et privées » durant ses fonctions à la présidence et n’avoir « a fortiori jamais reçu directement ni indirectement de rémunérations en résultant ».
En outre, il a affirmé ne s’être « jamais prévalu d’une quelconque recommandation ou appui de la présidence de la République dans le cadre de (s)es nouvelles activités, et le prétendre serait purement mensonger » et « diffamatoire ».
Dans un entretien à l’Express, l’homme d’affaires franco-israélien Philippe Hababou Solomon, qui dit avoir été du voyage en Afrique avec M. Benalla, affirme que « personne n’a protesté quand Alexandre a utilisé ses passeports diplomatiques ».
« Quand nous avons eu des discussions d’ordre général avec des chefs d’Etat, je suis certain que la présidence en a toujours été informée », ajoute-t-il.
Selon son entourage, M. Benalla fait « du consulting » et est en train de monter son entreprise en France.
Il a commencé ses missions « à partir de mi-novembre » et ses « premières missions sont dans le domaine de la sécurité », selon cette source qui précise qu’il ne vit pas à Londres mais en France. Il fait « des allers-retours » car une partie de sa famille vit à Londres.