Renversé en 2011 à la faveur d’un soulèvement populaire, dans le cadre du printemps arabe, Hosni Moubarak était entendu comme témoin par une cour du Caire dans une affaire d’«infiltration» de membres des mouvements Hamas et Hezbollah en Egypte.
D’après le parquet, ces derniers auraient participé, début 2011, à un assaut contre des prisons ayant permis l’évasion de membres de l’organisation des Frères musulmans, dont l’ex-président Mohamed Morsi, détenu et condamné à plusieurs reprises depuis 2013 et sa destitution par l’armée.
Mercredi, M. Morsi était présent dans le box des accusés, faisant de l’audience le premier face-à-face avec son prédécesseur M. Moubarak (1981-2011) et la première apparition publique de ce dernier depuis sa libération en mars 2017, après avoir été acquitté pour le meurtre de manifestants durant la révolution.
M. Moubarak, 90 ans, a évoqué la «sensibilité» de certaines informations liées notamment aux Frères musulmans et aux tunnels reliant le Nord-Sinaï à Gaza, qui auraient permis l’infiltration des membres du Hamas et du Hezbollah.
«Je vais parler de choses sensibles qui n’ont jamais été évoquées auparavant», a insisté M. Moubarak, visiblement affaibli et accompagné de ses deux fils, Gamal et Alaa. Il a néanmoins dit vouloir se protéger de toute «violation» du droit qui lui interdit, selon lui, de livrer certaines informations dont il avait connaissance en tant que président.
Son avocat a en conséquence déposé une demande auprès de la présidence pour obtenir l’autorisation de révéler ces informations. En attendant, M. Moubarak a refusé de répondre aux questions sur une complicité des Frères musulmans avec le Hamas, le Hezbollah et l’Iran pour «accroître le chaos» en Egypte en 2011.
Il a toutefois déclaré que les personnes derrière les évasions de prisons «venaient de Gaza, du Hamas». Elles auraient «attaqué et tué des membres des forces de sécurité» dans le Nord-Sinaï, selon lui.
Le Nord-Sinaï (est), région bouclée par l’armée à la frontière avec Gaza, est à ce jour le théâtre d’une insurrection de mouvements jihadistes, dont Daech.
Mohamed Morsi avait été condamné à la peine de mort en juin 2015, aux côtés d’une centaine de personnes, dans cette affaire d’évasions de prisons.
En novembre 2016, la cour de cassation avait toutefois annulé les condamnations de M. Morsi et de certains de ses co-accusés, dont l’ancien guide suprême des frères musulmans Mohamed Badie, ordonnant la tenue d’un nouveau procès.