Le Plan d’urgence (PU) pour l’éducation, sur la période 2009 – 2012, n’a pas eu les résultats espérés. Pire il s’est révélé un échec. C’est l’une des conclusions du rapport de la Cour des comptes publié le 13 décembre. Ce dernier pointe les failles des réformes entreprises, ainsi que les objectifs non atteints dans la mission de rattraper le retard dans le domaine éducatif.
Outre les retards de la mise en oeuvre des solutions préconisées, le rapport mentionne un recours à «une expertise externe» lors de l’élaboration du Plan d’urgence. «Pour l’élaboration du P.U, le MEN (ministère de l’Éducation nationale, NDLR) a recouru aux services d’un bureau d’études pour un montant de 18 millions de dirhams», pointe le document, en page 16.
Associé aux grands chantiers du gouvernement
La société en question n’est autre que Valyans Consulting. Ce cabinet de conseil, l’un des premiers créés au Maroc, se présente comme «le leader du conseil» dans le pays. Par le passé, cette structure qui emploie quatre-vingts personnes a déjà été associée à de grands chantiers menés par le gouvernement, tant dans les domaines relevant de la conception, que de la mise en oeuvre de plans stratégiques. À son actif ? Les Plans «Émergence 2020», «Plan Maroc Vert», «Halieutis», «Rawaj» ou encore la «Vision 2020».
Dans le cadre du Plan d’urgence pour l’éducation, le ministère compétent et le bureau d’études avaient négocié un accord approuvé «le 3 avril 2008», pour ce montant de 18 millions de dirhams. Le délai d’exécution prévu devait être de 210 jours.
En s’appuyant sur la Charte nationale d’éducation et de formation (CNEF) et les différentes enquêtes déjà menées auparavant par l’Éducation nationale, Valyans aurait rendu un premier rapport. Ce dernier définit quatre grands objectifs pour pallier les «problématiques majeures du système éducatif».
Au total, vingt-trois projets répartis dans ces quatre axes : l’obligation de scolarité jusqu’à l’âge de 15 ans, la prise à bras-le-corps des «problématiques transversales du système», la volonté de «stimuler l’initiative et l’excellence au lycée et à l’université« et la mise en place «de moyens de réussir». Coût d’un tel programme ? 34 milliards de dirhams.
Insuffisances du diagnostic
Alors que ce programme avait été lancé en janvier 2009 par le ministère, rapidement ce dernier est revenu sur sa décision pour opérer «un recadrage». Motif ? Une volonté d’apporter davantage de détails sur les budgets et la visibilité de la mise en place d’un tel chantier. «Le ministère de l’Éducation nationale a procédé à la révision, à la hausse, d’objectifs quantitatifs contenus dans la première version du P.U. Cette situation illustre les insuffisances du diagnostic réalisé par le bureau d’études et la non-maîtrise des besoins», détaille le document de la Cour des comptes.
Par ailleurs, le système de suivi a été revu. Là où le rapport de Valyans Consulting prévoyait 720 indicateurs, ceux-ci ont été rabotés à 513 afin «d’assurer la remontée des informations et permettre le suivi des projets et l’atteinte des objectifs préétablis». Il s’est alors avéré, d’après le rapport critique de la Cour des comptes, que le nombre initial d’indicateurs a compliqué le système de reporting. Sont également pointées la «répétition des mêmes ratios dans plusieurs objectifs», et «la fixation de seuils trop optimistes».
«Le recadrage a rendu inutile le recours aux recommandations du bureau d’études pour définir les actions à entreprendre et arrêter leurs délais d’exécution», conclut le rapport. Contacté par TelQuel, ni l’ancien fondateur et patron Mohcine Jazouli, actuel ministre délégué aux Affaires africaines, ni la nouvelle dirigeante du cabinet, Saadia Slaoui Bennani n’ont répondu à nos sollicitations. Les deux consultants ont été associés lors de la naissance de Valyans Consulting après la fusion entre New.e.com E&Y et la filiale marocaine de Business Consulting.