FIFM 2018 : A Marrakech, De Niro parle de Sergio Leone, Netflix et... Donald Trump

Robert De Niro s'est exprimé le 2 décembre lors d'une conférence de presse à l'occasion du FIFM, sur l'humilité du réalisateur italien Sergio Leone, son aversion vis-à-vis de Donald Trump et des défis technologiques et de diffusion que pose Irishman, le futur long métrage de son ami Martin Scorsese.

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Robert De Niro lors de la conférence de presse du 2 décembre à Marrakech. © Yassine Toumi.

Le légendaire acteur américain Robert De Niro a répondu aux questions des journalistes le 2 décembre en marge du festival international du film de Marrakech. L’icône du 7e art est revenu, entre autres, sur les mutations du monde cinématographique, sur la politique, a parlé de son futur projet avec Martin Scorsese, et aussi de deux ténors du cinéma disparus : Bernardo Bertolucci et Sergio Leone.

« Le monde est aujourd’hui en train de changer et le cinéma aussi. Dans ce milieu, l’offre est de plus en plus orientée vers des films qui vont divertir et amuser le grand public, mais avec Martin Scorsese ou d’autres cinéastes, nous tentons de faire des choses différentes, d’explorer la grandeur et la noblesse des belles histoires même si notre époque ne veut plus ça », a-t-il expliqué avec rigueur.

Robert De Niro s’est aussi exprimé au sujet de sa neuvième collaboration avec Martin Scorsese dans le long métrage « Irishman », dont la sortie est prévue courant 2019. Produit par Netflix, avec un budget de près de 150 millions de dollars, le film retrace la tumultueuse vie de Frank Sheeran, syndicaliste et tueur à gages qui aurait eu des liens avec la mafia. L’acteur américain incarne le personnage principal à différents stades de sa vie (même pendant sa jeunesse). Pour réaliser un tel pari, Martin Scorsese a misé sur la technologie de rajeunissement de ses personnages. « Je trouve intéressante l’idée de remonter le temps. C’est très libérateur de jouer un personnage de 40 ans alors qu’on en a 75 ans et sans maquillage ! », estime De Niro.

Si aux États-Unis, le film sera projeté (de manière limitée) dans les salles obscures pour concourir aux Oscars, ailleurs, il faudra le voir en streaming. À ce sujet, l’acteur indique : « Je suis attaché aux salles de cinéma, mais le film sera diffusé sur les plateformes de Netflix. Je suis aussi conscient que Netflix finance ce genre de projet donc il faut bien trouver un compromis ». Avant même la sortie de Irishman, les deux légendes du cinéma américain travaillent déjà sur un futur projet cinématographique. Robert De Niro a brièvement confié que Leonardo Di Caprio faisait partie du casting, mais n’a pas souhaité en dire plus.

Très critique envers Donald Trump, qu’il a un jour traité « d’idiot », Robert De Niro a tenu à rester sobre à ce propos à Marrakech. Il a d’abord expliqué que les États-Unis vivaient « une période politique horrible » et que pour rien au monde il n’incarnerait le personnage du controversé président américain. Celui qui a incarné Travis Bickle dans Taxi Driver explique : « S’il y a bien un rôle que je n’accepterai pas de jouer, c’est celui de Trump… Aussi psychopathes soient-ils, je trouve toujours de l’empathie pour les personnages que j’incarne et j’ai beau essayer de trouver des signes d’humanités chez Donald Trump, je n’y arrive pas ! C’est un personnage antipathique », tranche-t-il.

L’acteur a également évoqué la récente disparition du cinéaste italien Bernardo Bertolucci. « C’est un grand réalisateur de ma génération et il n’y a pas mieux que Martin Scorsese pour en parler », a sobrement déclaré Robert De Niro. Il a aussi parlé d’une autre sommité du cinéma italien : Sergio Leone. Plus affable, la star américaine explique : « Je garde un très bon souvenir de Sergio. Il a un bon sens de l’humeur et j’adorais assister à ses disputes avec son chef opérateur, Tonino Delli Colli (lors du tournage de Il était une fois en Amérique, ndlr). J’apprécie beaucoup le fait que Sergio Leone était humble et non prétentieux ».