Après une grève avortée au mois de juin dernier, les pharmaciens ont décidé de passer à l’action en ce mois de décembre. Dans un communiqué diffusé le 29 novembre, la fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FSNPM) annonce que les officines du royaume fermeront leurs portes le 27 décembre. Tout comme en juin dernier, les revendications des professionnels portent sur des changements relatifs à la législation encadrant le métier, mais à travers cette grève, les pharmaciens veulent également alerter sur la situation financière de certaines officines.
Pharmacies en crise
Dans son communiqué la FSNPM réclame « un meilleur encadrement de la législation quant à l’impunité de certaines pharmacies sur les horaires et garde de nuit ». Contacté par TelQuel , le président de la FSNPM, Oualid Amri, dénonce une situation qui permet à « certaines pharmacies de rester ouvertes 24 heures sur 24. Cela se fait au détriment d’autres pharmacies qui sont placées dans une situation précaire, car certains clients vont directement se diriger vers ces « pharmacies parasites » ».
Pour le patron du syndicat, la situation économique des pharmacies est également affectée « par la baisse du prix des médicaments notamment sur ceux portant sur l’asthme, la psychiatrie, les cancers, l’hypertension », ainsi que par l’autorisation accordée aux cliniques et certains magasins pour vendre des produits d’orthopédie ou implants.
Par leur décision de grève, les professionnels veulent également alerter sur l’impact qu’a la situation économique du pays sur leur métier. « Seulement 38% des Marocains disposent d’une couverture médicale. Cela signifie qu’après une consultation chez le médecin et une éventuelle radio, beaucoup n’ont plus d’argent pour aller en pharmacie et se soigner », déplore Oualid Amri.
« Aujourd’hui 3.000 officines sont en difficulté dans le pays. Les 12.000 pharmacies que compte le pays génèrent un chiffre d’affaires de 11 milliards de dirhams. Les pharmacies en Jordanie, qui compte 10 millions d’habitants et 10 fois moins de pharmacies, réalisent le même chiffre d’affaires », s’inquiète le responsable syndical qui pointe également : « Les 38% de taxe sur les plus-values dont doivent s’acquitter les pharmaciens qui veulent vendre leur officine et partir à la retraite ».
Pour remédier à cette situation, les syndicats des pharmaciens demandent des « mesures d’accompagnement économiques et fiscales ». Dans ce sens, la FSNPM suggère « une défiscalisation pour les médicaments onéreux et une révision de la TVA sur les médicaments ». La fédération syndicale réclame également une » révision totale du code 17-04 concernant les pharmaciens d’officines », lequel réglemente l’activité de la profession.
Dans le cas où le ministère de la Santé ne répondrait pas à leurs revendications, certains syndicats de pharmaciens envisagent de reconduire leur grève pour une journée entière.