L’association française UFC-Que choisir a annoncé, le 27 novembre, avoir porté plainte contre Western Union et MoneyGram. Ces deux sociétés spécialisées dans les transferts internationaux d’argent, et leaders en la matière au Maghreb, sont accusées par cette association d’aide aux consommateurs de « pratiques commerciales trompeuses ».
Dans sa dernière étude, UFC-Que choisir dénonce la communication opaque des deux entreprises sur certains des frais payés par leurs clients particuliers, notamment ceux des commissions appliquées aux transferts d’argent. Selon l’association, les tarifs de Western Union et de MoneyGram ne sont, d’une part, pas clairs, mais sont également très variables, puisqu’ils dépendent de la zone où se situe le bénéficiaire.
Tarifs de la France vers le Maroc supérieurs à la moyenne
À titre d’exemple, l’étude cite le cas frappant de la France, où les tarifs de transferts seraient particulièrement élevés. « Lorsque de l’argent est transféré depuis la France vers un pays qui n’utilise pas l’euro comme monnaie, les frais s’élèvent en moyenne à 6,7 % des sommes envoyées. » Un pourcentage non négligeable, puisqu’en 2017, d’après UFC-Que choisir, ce sont plus de 19 milliards d’euros qui ont été envoyés depuis la France à des particuliers résidents à l’étranger (à des proches généralement).
Un montant, note l’étude, bien supérieur aux « tarifs du prix moyen pratiqué par leurs [de Western Union et de MoneyGram] principaux concurrents », à savoir principalement les banques. Une grille tarifaire française qui serait également beaucoup plus élevée que ceux des autres pays européens – d’environ 10 % par exemple pour les virements bancaires internationaux, relève l’analyse.
Et, sur cinq des huit destinations phares d’envoi d’argent de l’Hexagone à l’étranger – à savoir le Maroc, l’Algérie, le Vietnam, le Sénégal et l’Inde – la France serait « même la plus chère en Europe ». Et au rapport d’illustrer : « Les tarifs moyens d’un transfert de France vers le Maroc ou de France vers le Vietnam sont respectivement 16 % et 25 % supérieurs à la moyenne », illustre le rapport.
Encadrer la tarification des opérations de transfert
Partant de ces constats, l’association signale qu’en dépit de l’encadrement que la Commission européenne souhaite imposer en 2019 sur les transferts d’argent au sein de l’Union européenne, Western Union et MoneyGram maintiennent l’existence d’une « zone de non-droit sur les opérations internationales réalisées en devises étrangères ». Et de déplorer dans ce sens que « les tarifs de ces prestations y sont en effet nettement supérieurs à la moyenne européenne, du fait d’une concurrence défaillante, ce qui affecte particulièrement les clients les plus vulnérables ».
Face à ces pratiques commerciales douteuses, UFC-Que choisir appelle les pouvoirs publics à « créer les conditions d’une concurrence salutaire ». A savoir entre autres : « l’encadrement de la tarification des opérations de transferts », « l’harmonisation de l’information précontractuelle avant l’initiation d’un transfert d’argent », ou encore d’imposer « aux banques de motiver leur refus d’ouverture de comptes professionnels à des sociétés de transfert agréées par les superviseurs nationaux et européens ».
En attendant, et après avoir porté plainte auprès du procureur de la République française contre les deux sociétés, dans le souci d’aider les consommateurs à « déjouer les pièges de ce marché nébuleux », l’association a publié sur son site une liste de conseils à suivre.