On espère que la confiance viendra et que la croissance sera au rendez-vous ». C’est par ce vœu que le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaaboun, a conclu son premier grand oral face aux médias le 23 octobre. Une première intervention à l’occasion de laquelle l’argentier du royaume, accompagné de son directeur du budget, Faouzi Lekjaâ, a insisté sur la « dimension sociale » du projet de loi de finances 2019 (PLF 2019). Une allocution où le ministre a également repris dans les grandes lignes son discours devant le parlement le 22 octobre. Il a évoqué les réalisations qui ont permis à la loi de finances 2018, avant de présenter les grandes orientations de la mouture 2019 du texte.
Principale nouveautés lors de cet oral : le ministre de l’Économie a évoqué le dossier sensible de la compensation ; le chantier de restructuration des établissements et des entreprises publiques ; d’éventuelles privatisations, mais aussi la reconduction de ligne de précaution de liquidité par le Maroc ; et a révélé le montant de la dette dont les PME ont été affranchies.
Une privatisation aux contours encore flous
Mohamed Benchaaboun a brièvement évoqué le sujet des privatisations censées apporter cinq milliards de dirhams aux caisses de l’Etat, selon les estimations du PLF 2019. « La liste des entreprises privatisables n’a pas encore été arrêtée, » déclare le ministre de l’Économie. Interrogé sur une éventuelle privatisation de l’ONCF, il a balayé cette hypothèse d’un revers de la main : « Nous parlons ici d’un établissement public et non d’une entreprise publique. Son statut de société anonyme ne lui octroie pas le droit d’ouvrir son capital ». L’argentier du royaume a également indiqué qu’une restructuration des établissements publics serait nécessaire avant une éventuelle mise sur le marché.
Questionné sur une éventuelle vente de l’actionnariat de l’Etat dans Maroc Telecom (où il détient 30% du capital), le ministre de l’Économie a affirmé que le gouvernement étudiait cette possibilité, sans toutefois donner plus de détail. Aussi, Benchaaboun a précisé qu’en l’absence de privatisations, ainsi que d’une restructuration des établissements publics, les caisses de l’Etat se retrouveraient privées d’une manne financière de 8,8 milliards de dirhams alors que le déficit budgétaire atteindra 3,7% du PIB à l’issue de l’année 2019.
Vers une reconduction de la LPL
Alors que son prédécesseur avait annoncé, en juillet 2018, l’intention du gouvernement d’abandonner la ligne de précaution de liquidité (LPL) du FMI, Mohamed Benchaaboun a annoncé que l’Etat souscrirait de nouveau à un financement de l’institution internationale. « Nous espérons qu’elle sera au rendez-vous d’ici la fin de l’année », a-t-il déclaré sans mentionner toutefois de montant précis.
Pour rappel, durant les six dernières années, le Maroc a recouru à trois reprises à la LPL du FMI qui s’étendait à chaque occasion sur une période de deux ans. Le premier emprunt, souscrit en juillet 2012, s’élevait à 6,21 milliards de dollars. Le second, souscrit deux ans plus tard, a permis au Maroc d’emprunter 5 milliards de dollars. Tandis que le dernier, souscrit en juillet 2016, a renfloué les caisses de l’Etat à hauteur de 3,61 milliards de dollars.
Une amnistie à 40 milliards de dollars
À travers le PLF 2019, l’Exécutif dit vouloir accorder un intérêt particulier au soutien de l’entreprise, en particulier auprès des TPME. Cela à travers la mise en oeuvre d’une série de mesures visant à leur « redonner confiance ». L’une d’entre elles est l’annulation de la dette liée à la TVA cumulée durant les dernières années par les TPME. Le montant total de cette dette a été annoncé le 23 octobre par Mohamed Benchaaboun : elle est de 40 milliards de dirhams.
Maintien de la compensation
Concernant le sujet de la compensation, le ministre a affirmé que le sucre, la farine et le gaz seront encore compensés en 2019. Il a également indiqué que cette réforme aura lieu après la mise en place d’un registre social unifié (RSU), lequel permettra de cibler les populations qui pourront bénéficier des aides de l’Etat.
Par Ahmed Mesk
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