Le Parc de la Ligue arabe à Casablanca ne sera pas inauguré avant le printemps prochain. Entamé en janvier 2016, le projet de réaménagement de ce parc historique devait initialement être achevé en septembre dernier et son inauguration s’annonçait imminente. Mais, à ce jour, les travaux ne sont en réalité pas encore finis, les habitués du secteur l’ont certainement remarqué. Casa Aménagement, la SDL chargée du projet, vient en effet de commencer il y a une dizaine de jours la démolition des cafés qui sont situés dans le périmètre du parc le long du boulevard Moulay Youssef.
La raison avancée pour justifier ce retard : « L’occupation illégale » par deux de ces cafés du domaine public, qui a duré plus de temps que prévu à en croire Casa Aménagement. « Le parc lui-même est quasiment achevé. Les seuls points bloquants qui restaient sont justement ces occupations. Ces cafés ont été en partie démolis. Il reste les deux autres qui sont en face qu’on va bientôt démolir, dans quelques jours », nous explique Driss Moulay Rachid, directeur général de la SDL.
Les deux cafés en questions sont « Astoria » et « Yasmina », qui forment une seule construction et sont liés par la même autorisation d’occupation temporaire. A quelques mètres de là, un autre café « La Pergola du parc » a entièrement été rasé. Idem pour les cafés « Firdaous » et « La Ligue arabe », situés en face, de l’autre côté du trottoir.
Un conflit social en toile de fond
Selon le DG de Casa Aménagement, les « différents occupants de ces cafés » ont tous des « autorisations d’occupation temporaire du domaine public qui leur ont été données il y a une trentaine d’années. Maintenant, nous ne sommes pas là pour changer les statuts, mais pour les adapter au projet de réaménagement ».
Le seul « point bloquant » qui subsiste à l’heure actuelle est donc celui des cafés « Yasmina » et » Astoria ». La raison ? Un conflit social entre les employés de ces cafés et leur gérant. Depuis deux semaines environ, les travailleurs – qui sont une trentaine – se sont constitués en comité soutenu par un syndicat de l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT). Sur les portes de ces cafés, ils ont accroché des photos du roi ainsi que des banderoles sur lesquelles ils réclament notamment son « intervention pour éviter que leurs familles ne se retrouvent à la rue ».
« Les employés du café « Yasmina » appellent les responsables du réaménagement du Parc de la Ligue arabe à conserver leur gagne-pain », lit-on sur une autre. « Les serveurs veulent avoir leurs droits sociaux. Plusieurs d’entre nous travaillent ici depuis plus de 15 ans. Aujourd’hui, nous n’avons pas la garantie d’être employés dans le café qui sera construit à la place de celui-ci et pour plusieurs, la retraite approche », explique un des serveurs qui a requis l’anonymat.
Selon le plan de réaménagement du parc, trois nouveaux cafés verront le jour sur place. L’un d’entre eux remplacera le café « Yasmina » et sera géré par le « même exploitant », assure la SDL. « L’idée c’est que les occupants des anciens cafés démolis puissent récupérer les nouveaux dans le cadre de cahiers des charges bien précis. Sur les deux cafés que nous avons démolis (« Fidaous » et « La ligue arabe »), un nouveau café sera construit semblable à celui que nous sommes en train d’achever du côté de la Coupole. On va construire aussi un café à la place du café « Yasmina », une fois qu’on l’aura démoli », nous détaille Driss Moulay Rachid.
Selon ce dernier, ces cafés auront chacun « une superficie construite aux alentours de 60 mètres carrés avec une terrasse d’une quarantaine de mètres carrés. Ça sera des petits cafés qui seront intégrés dans le parc ». Pour les employés de « Yasmina », le nouveau café ne sera pas en capacité de tous les embaucher. « Nous sommes une trentaine qui va se retrouver au chômage. Moi je peux me débrouiller, mais ce n’est le cas de tout le monde. Et le nouveau café ne pourra pas nous tous absorber », déplore ce serveur, âgé de la cinquantaine.
A ce propos, le patron de Casa Aménagement est catégorique : « Dans la tradition des occupations, quand c’est une occupation temporaire, on a toujours tendance à croire qu’elle est définitive. Pour nous, qu’ils affichent ce qu’ils veulent. Quand leur tour viendra (pour la démolition), on le fera ». Pour ce qui est du sort des employés de « Yasmina », « ce n’est pas mon problème, moi je suis l’aménageur. C’est plutôt celui des autorités avec les exploitants de ces cafés. C’est un problème social. Je n’ai ni avis ni intervention à faire dans ce genre de choses ».
Inauguration « au plus tard en mars »
« Notre objectif c’est que ces cafés respectent un cahier des charges et qu’ils ne soient plus gérés de manière anarchique comme c’était le cas avant, où ils commençaient à s’agrandir de manière complètement anarchique. Le but est de garder un standing correct par rapport aux aménagements qu’on a faits. On n’est pas là pour aller à l’encontre de ces gens-là, mais pour organiser les choses », tempère Driss Moulay Rachid.
Bordé par l’avenue Ibrahim Roudani, la rue d’Alger, le boulevard Rachidi, l’avenue Hassan II, la rue Othmane Ibnou Affane et la rue Ali Ben Abi Taleb, le Parc de la Ligue arabe est un lieu emblématique de la capitale économique. D’une superficie de 30 hectares, il a été construit en 1919, pendant le protectorat français, dans le cadre du plan Prost, du nom de l’architecte et urbaniste français Henri Prost. Il compte depuis 1936 un complexe sportif baptisé La Casablancaise, laissé depuis plusieurs années à l’abandon.
Les travaux de réaménagement du parc ont été entamés en janvier 2016 avec une enveloppe de 100 millions de dirhams, financée par le ministère de l’Intérieur (35 millions de dirhams), la commune de Casablanca (45 millions) et la région de Casablanca-Settat (20 millions). Le taux d’avancement affiché aujourd’hui sur le site web de Casa Aménagement est de 96%. Si une partie du parc est déjà accessible au grand public, l’inauguration officielle se fait attendre.
« L’objectif c’est qu’on puisse finir à la fin d’année pour l’ouvrir au printemps. Les plantations ont bien pris sur la quasi-totalité du parc. Maintenant, sur ces zones d’occupation en l’occurrence (« Yasmina » et « Astoria »), nous devons continuer l’installation de notre haie et faire de nouvelles plantations qui vont nécessiter plus de temps pour qu’elles prennent, comme nous sommes en hiver …», conclut le DG de Casa Aménagement.
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