Le 26 septembre, une marche de protestation partie du centre de Sidi Addi (commune rurale de Sidi Lmakhfi, province d’Ifrane), au niveau de la route nationale N8 reliant Fès et Marrakech, s’est soldée par le décès d’une femme.
Alors que les forces auxiliaires tentaient de faire barrage aux manifestants, « une bousculade a été provoquée durant laquelle elle s’est évanouie, » rapporte une source associative locale. Enceinte et asthmatique, selon un témoin, Fdila Akkioui a attendu près d’une heure avant de pouvoir être transportée dans une ambulance vers l’hôpital provincial d’Azrou. Un trajet durant lequel elle a rendu l’âme.
Abdellatif Afri, le directeur de l’hôpital provincial d’Azrou, nous affirme que la jeune femme était décédée à son arrivée aux urgences. Il précise également n’avoir « aucune idée sur le retard de l’arrivée de l’ambulance » pour transporter la défunte. Abdellatif Afri nous déclare également que les résultats de l’autopsie, pratiquée à l’hôpital Mohammed V de Meknès, « ont été délivrés au procureur général du parquet de Meknès, et resteront confidentiels tant que l’enquête est en cours ».
Étranglée par un drapeau marocain ?
Dans une vidéo publiée par LeDesk.ma, une femme se présentant comme la soeur de la défunte explique que Fdila n’a pas simplement perdu connaissance dans la bousculade, mais « a été étranglée par un drapeau tenu par un mokhazni ». Et d’ajouter: « Je me suis battu contre lui pour la faire sortir de son emprise », avant de réclamer « justice » auprès du roi.
Cette version du drame est également rapportée par la section d’Azrou de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) . « Les déclaration des proches de Fdila confirment son décès après avoir été étranglée à l’aide d’un drapeau marocain par l’un des éléments des forces publics », fait savoir la section locale de l’AMDH sur Twitter.
Update @AMDHMAROC Azrou sur le décès d’une manifestante. Intervention forcée de la police pour disperser une manif organisée par des femmes Sulaliyyate. Un policier a étouffé une manifestante avec le drapeau marocain. Fadila est morte sur le coup. Un pays qui t’étouffe à mort !
— فيروز (@Fayrouz_yousfi) 26 septembre 2018
La famille de la disparue a reçu sa dépouille le 27 septembre. Elle a été enterrée à Amghas, non loin de Sidi Addi. Selon des sources associatives locales, la famille de Fdila Akkioui « n’a pas reçu les résultats de l’autopsie». Les mêmes sources évoquent « un arrêt cardiaque » comme cause du décès.
Ayants droit mécontents
Ayants droit de terres agricoles à Aïn Orma (préfecture de Meknès) louées à des exploitants locaux, les manifestants s’étaient réunis pour contester la concession de leurs terres collectives à un promoteur immobilier « dans des conditions litigieuses pour un prix symbolique et une durée de 40 ans », explique un des participants à la manifestation.
Selon notre interlocuteur, les autorités locales ont voulu « contraindre les représentants légaux des ayants droit à accepter l’offre d’un promoteur immobilier sans prévenir les habitants ». Aujourd’hui, les ayants droit demandent à faire entendre leur voix au Conseil de tutelle, une institution d’arbitrage et de décision qui opère depuis Rabat sous la supervision du ministre de l’Intérieur.
« Il y a eu des promesses pour que les revenus de cette terre soient placés dans une caisse pour financer des projets à l’initiative des ayants droit », nous précise un agriculteur de Sidi Addi. Selon nos sources, « une enquête a été ouverte le jour même par les autorités judiciaires, sous la supervision du parquet de Meknès ».
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