En collaboration avec le forum Woman in Africa, dont la deuxième édition se tient actuellement à Marrakech jusqu’au 29 septembre, le cabinet Roland Berger a réalisé une étude sur l’entrepreneuriat des femmes africaines à travers les 54 pays du continent. Intitulée «Femmes entrepreneuses en Afrique : un chemin vers l’autonomisation?», l’enquête dresse le portrait-robot de l’entrepreneuse africaine.
24% des femmes africaines entreprennent : un record mondial
Selon les conclusions de cette étude qui a porté sur un panel de femmes âgées de 18 à 64 ans et des projets ayant au moins 42 mois d’ancienneté, 24% des femmes du continent sont des entrepreneuses. Un chiffre qui fait des Africaines, les championnes du monde de la création d’entreprise. Elles arrivent largement devant l’Amérique latine (17%), l’Amérique du nord (12%), la zone Asie du sud-est/Pacifique (11%) et le Moyen-Orient (9%). L’Europe et l’Asie centrale ferment la marche avec un taux de 6%.
«Cette tendance est encore en plein essor, avec environ une femme africaine sur deux qui a l’intention de créer une activité entrepreneuriale dans les trois prochaines années», précise le rapport. Au total, l’étude estime qu’entre 150 et 200 milliards de dollars de valeur ajoutée sont créés par les femmes africaines.
Une dynamique portée par l’Afrique subsaharienne… pas l’Afrique du Nord
L’étude pointe en revanche de grandes disparités régionales : alors que les pays anglophones et francophones (hors Afrique du nord) représentent le «hub» de l’entrepreneuriat féminin en Afrique avec des taux respectifs de 27% et 26% de femmes entrepreneuses. Ce taux chute à 8% en Afrique du Nord. Les pays lusophones sont quant à eux dans la moyenne, avec 22% de femmes créatrices d’entreprises.
Le cabinet Roland Berger attribue le faible taux de création d’entreprises par les femmes dans six pays nord-africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan) à un «facteur culturel» lié au fait que ces pays soient musulmans. Ces pays sont d’ailleurs placés dans une catégorie ne prenant pas en compte leur situation économique et intitulée «pays traditionnels».
Le manque d’éducation et la maternité ne sont pas un frein
Autre phénomène relevé par l’étude, plus un pays est riche, plus l’écart se creuse au niveau du taux d’entrepreneuriat chez les hommes et chez les femmes. Pour les deux catégories de pays les plus pauvres («struggling» et «striving» countries), il n’est que de 2 et 3 points respectivement. Ce sont aussi ces pays qui détiennent les records de femmes entrepreneuses, avec 27% et 28% respectivement.
En revanche, pour les pays dits « traditionnels » (essentiellement l’Afrique du nord), cet écart est de 7 points. Ainsi 7% seulement de femmes sont créatrices d’entreprises, soit la moitié du taux chez les hommes (14%). Un écart de 5 points (22% de femmes et 27% d’hommes) est observé dans les pays dits «émergents».
Le rapport pointe enfin deux paradoxes. Le premier réside dans le fait qu’il existe plus de femmes entrepreneuses dans les pays à faible taux d’alphabétisation. «L’entrepreneuriat devient une nécessité due au manque d’opportunités professionnelles», explique l’étude. «Les facteurs intrinsèques comme le manque d’infrastructures, notamment dans les secteurs digitaux et bancaires, ont une influence limitée sur la décision des femmes de créer un business», notent les auteurs de l’enquête.
Par ailleurs, «la maternité n’est pas un frein à l’entrepreneuriat féminin. De manière presque inattendue, les femmes africaines entrepreneuses sont le plus souvent celles qui ont beaucoup d’enfants. Car elles doivent subvenir, non pas seulement à leurs besoins, mais à ceux de toute leur famille», révèle l’étude de Roland Berger.
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