Dans le sillage de l’affaire judiciaire Saâd Lamjarred, en début de semaine une vague de protestation a déferlé sur la twittosphère marocaine. C’est via le hashtag #Masaktach (je ne me tais pas) que des centaines de tweets ont appelé les radios marocaines, Hit Radio en tête, à cesser de diffuser les chansons de la vedette de la pop.
Mis en examen le 28 août, à la suite d’une nouvelle plainte pour viol, le chanteur de 33 ans avait été remis en liberté provisoire le même jour. Une décision juridique qui avait déjà secoué le réseau social Twitter : certains utilisateurs avaient réclamé l’arrêt de la promotion de la star. Dès lors, une page « Masaktach » est créée. L’initiative se définit comme « un collectif de femmes et d’hommes qui dénoncent les violences et les abus contre les femmes ainsi que la légitimation de la culture du viol au Maroc », peut-on lire dans la présentation du profil Twitter.
Rapidement, les internautes se saisissent du mot-clé et plusieurs messages fleurissent sur le réseau social. Une manière de dénoncer les agressions sexuelles, comme en témoignent ces quelques publications.
Questions : La radio au #Maroc a-t-elle un rôle societal à jouer ? Passer Saad Lamjarred n’est plus une forme de légitimation ? De banalisation de la violence sans même parler de viol ? #Masaktach #LamjarredOut
— Zineb L. (@ZeeLara8) September 18, 2018
S'ajoutant au silence coupable autour du viol et des violences faites aux femmes, les médias qui se font complices d'un présumés violeur récidiviste. Quel message ils envoient au femmes du Maroc ?
Je me le demande vraiment. #Masaktach #LamjarredOut— Ma-Aria-Mia (@maria__karim) September 18, 2018
Je sais qu'il n'y a pas encore de condamnation (en France), mais il y a déjà 3 plaintes et le parquet parisien semble avoir un dossier lourd. Lamjarred est lâché par son avocat, pourtant pas du genre. Et au Maroc on diffuse encore ses chanson de guimauve ? #masaktach
— Hervé Gindre (@HGindre) September 18, 2018
Saad Lamjarred suspendu
Laura Prioul, victime présumée du chanteur qui a porté plainte à Paris en octobre 2016, a également réagi au hashtag. Sur les réseaux sociaux, certains utilisateurs réclament aussi la fin de la diffusion des chansons de Saad Lamjarred sur les radios. Principale radio visée par cette vague de protestation : Hit Radio.
Un très grand Merci pour les #, les boycotts, les messages de soutien et enfin la justice !!!! ?? #Masaktach
— Laura Prioul (@lora_s_life) September 18, 2018
En effet, suite aux affaires « Lamjarred » la station continuait de diffuser les principaux tubes du chanteur. Contacté par TelQuel, le PDG de Hit Radio Younes Boumehdi affirme que la radio a décidé de « suspendre la diffusion des chansons de Saad Lamjarred » le 18 septembre. Une décision motivée selon lui, non pas par la prolifération du hashtag #Masaktach, mais par des « demandes d’auditeurs et d’auditrices durant la libre antenne du 18 septembre. Ils étaient importunés par la musique et nous souhaitons les préserver » explique le PDG de Hit Radio. Face à une situation « inédite », le responsable assure « ne pas avoir la volonté de diffuser de la musique pouvant heurter les sensibilités ».
Réagissant également aux hashtags et aux demandes sur Twitter, la directrice générale de l’information de 2M, Samira Sitail, a affirmé que Radio 2M ne diffusait plus de chansons de la pop star « depuis le début de ses démêlés avec la justice française ».
Bonsoir,@Radio2M ne fait pas partie des radios qui diffusent les titres de Saad Lamjareed ou qui en font la promotion, et ce quasiment depuis le début de ses démêlés avec la justice française.
— Samira sitaïl (@Samirasitail1) September 18, 2018
A noter que récemment, l’artiste avait déjà été retiré de la liste des nommés de la compétition Afrima (All Africa Music Awards) 2018.
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