Nouvelles tensions entre les Pays-Bas et le Maroc. Dans la journée du 7 septembre, le ministère des Affaires étrangères marocain a, selon une source diplomatique marocaine, convoqué l’ambassadrice néerlandaise à Rabat Désirée Bonis. Le motif ? Un rapport soumis le 5 septembre à la commission des Affaires étrangères du parlement néerlandais par le ministre des Affaires étrangères, Stef Blok, concernant le mouvement de contestation du Rif.
Dans ce document, le responsable néerlandais qualifie les peines prononcées à l’encontre des militants du Hirak d’« inquiétantes », indique le quotidien néerlandais De Telegraaf. Le chef de la diplomatie néerlandaise y fait également valoir que son pays était le seul pays européen à avoir assuré le suivi des auditions des 53 détenus du Hirak, lors de leur procès qui s’est tenu à Casablanca, nous indique-t-on du côté de la diplomatie marocaine, confirmant des informations de Yabiladi. Stef Blok affirme aussi qu’il « partage » les inquiétudes des ONG internationales au sujet des conditions de détention des militants du Hirak.
« Manque de considération »
« C’est un manque de considération et de respect pour la justice marocaine. Ces déclarations sous-entendent qu’elle est incapable de rendre justice et de servir le citoyen. Comme l’a dit le ministre des Affaires étrangères, le sujet du Rif n’est pas soumis au débat diplomatique, car il s’agit d’une affaire interne et le Maroc est un pays souverain », commente une source diplomatique marocaine. « Ces déclarations se basent sur des impressions et des appréciations erronées et cela porte préjudice à la relation entre les deux pays », poursuit notre interlocuteur.
Selon De Telegraaf, l’ambassadrice néerlandaise a eu une « bonne conversation » avec la diplomatie marocaine. Une discussion au cours de laquelle Désirée Boris a néanmoins appris que la « réponse à la demande de rencontre bilatérale entre les deux ministres [des Affaires étrangères] » prévue fin septembre, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, a été suspendue. De son côté, la diplomatie marocaine a fait part de son « rejet catégorique et vigoureux » des déclarations de Stef Blok qui se verra adresser une lettre de réponse signée de son homologue, Nasser Bourita, nous indique un diplomate marocain.
Tensions latentes
Ce n’est pas la première fois que le sujet du Rif crée des « étincelles » entre les deux pays. Le dossier avait déjà été abordé en avril lors d’une rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères lorsque le Néerlandais n’avait pas obtenu gain de cause sur un autre sujet, celui des ressortissants marocains bénéficiant des allocations sociales néerlandaises.
A l’occasion de cette rencontre, les deux hommes avaient également évoqué le cas de Said Chaou. L’extradition du Maroco-Néerlandais a été au cœur de tensions diplomatiques entre les deux royaumes. Le Maroc avait rappelé, en juin 2017, son ambassadeur aux Pays-Bas après deux mois d’échanges avec les autorités néerlandaises concernant l’extradition Said Chaou.
Cinq jours plus tard, suite à une « demande d’arrestation et d’extradition » formulée par le Maroc auprès des autorités néerlandaises, l’ancien parlementaire marocain et fondateur du mouvement indépendantiste rifain du 18 septembre (M18S) avait été arrêté aux Pays-Bas. Le 22 février 2018, la Cour de Breda a toutefois estimé que les garanties présentées par le Maroc « ne sont pas suffisantes et ne permettent pas d’écarter le danger d’un procès inéquitable ». Une décision pour laquelle le parquet néerlandais a décidé de se pourvoir en cassation.
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