La Société de développement local (SDL) Casa Aménagement a lancé un appel d’offres pour la fourniture et l’installation de 100 unités de toilettes publiques urbaines à Casablanca. Ces sanitaires à « nettoyage automatique » doivent être munis d’un « système de lavage et de désinfection totale à chaque utilisation, » lit-on dans le document. Objectif ? « Mettre à la disposition des citoyens des toilettes toujours propres et accueillantes, et ce afin de répondre aux mieux aux exigences de la ville. »
L’appel d’offres prévoit deux types d’unités : une cabine pour une personne avec un mur d’urinoirs extérieurs de deux places ; et une autre conforme aux normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, équipée d’un mur d’urinoirs extérieurs de trois places. L’ouverture des plis aura lieu le 16 octobre prochain. Les délais d’exécution sont estimés à 18 mois. Ils courent à partir de la date prévue par l’ordre de service annonçant le commencement des travaux.
Un coût unitaire excessif ?
Le coût total du projet, initié par le conseil de la ville de Casablanca, s’élève à 60 millions de dirhams, soit 600.000 dirhams l’unité. Si ce montant est jugé « excessif », une source autorisée au sein de Casa Aménagement (maître d’ouvrage) nous explique que le prix unitaire est « basé sur un benchmark international qu’avait fait la SDL sur plusieurs villes proches (en termes de population, ndlr) de Casablanca : Madrid, Paris, Francfort, Istanbul… etc. ».
« On a vu les best practices dans ce genre d’équipements, étant considérés comme du mobilier urbain. Il s’est avéré qu’il faut des toilettes publiques urbaines complètement automatisées, qui répondent au mieux aux besoins des citadins, que ce soit sur l’aspect écologique, esthétique et celui d’utilisation », précise notre source. Et d’ajouter que ces sanitaires couvriront la totalité du territoire de la métropole, à hauteur de cinq toilettes par arrondissement et d’une toilette pour les personnes à mobilité réduite dans ces mêmes zones.
Notre interlocuteur explique que le coût unitaire n’est qu’une « estimation relative à un appel d’offres. Lesquelles peuvent varier en moins ou en plus ». Et de nuancer : « Il est vrai que les prix peuvent paraître exorbitants par rapport à la population et aux besoins de Casablanca mais, en même temps, quand on veut positionner la ville, quand on rapporte les 60 millions de dirhams au 33 milliards de dirhams alloués au Plan de Développement du Grand Casablanca [2015-2020], le montant ne représente pas grand-chose ».
Une toilette à deux millions de dirhams
A titre de comparaison, la ville de Montréal a installé, en mai 2018, douze toilettes publiques autonettoyantes dans son arrondissement de Ville-Marie. Selon le Journal de Montréal, les douze pièces ont coûté « trois millions de dollars canadiens (soit environ 21,4 millions de dirhams, ndlr) pour la construction et l’entretien technique« . Le média canadien Tva Nouvelles estime que seul le soumissionnaire à cet appel d’offres, Atmosphäre, était « prêt à fournir des toilettes pour 257.611 de dollars (1,8 millions de dirhams) chacune. C’est sans compter le prix des services de préparation des sites des toilettes, qui font grimper la facture à 273.749 de dollars (près de 2 millions de dirhams) pièce».
Quelques mois plus tôt, en novembre 2017, c’est la ville belge de Namur qui s’est dotée de deux toilettes publiques pour un coût unitaire de 125.000 euros par toilette, soit 1.368 million de dirhams selon la RTBF. En 2014, la ville de Troyes, s’est équipée de deux toilettes à nettoyage automatique pour 50.000 euros chacune, soit 547.000 dirhams. Selon le journal l’Est Eclair, la ville située à l’est de la France consacre pas moins de 120.000 euros (1,3 million de dirhams) annuellement pour ces toilettes.
Outre le coût des travaux et des ouvrages, Casa Aménagement précise dans le Cahier des clauses administratives particulières (CCAP) relatif à ce projet, que les prix unitaires du marché comprennent, entre autres : les frais d’importation, d’assurance, d’études, de salaires, des démarches administratives, des impôts ou encore des dispositifs de sécurité.
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