L’heure est au bilan d’étape pour Mohamed Boussaid. Dans un entretien accordé à nos confrères de L’Economiste, publié le 23 juillet, le ministre des Finances fait le point sur l’évolution de l’économie marocaine à l’issue du premier semestre de l’année 2018, évoque également le projet de loi de finances 2019 ainsi que la mise en place d’une programmation triennale dans le cadre de la loi organique des finances.
Premier point abordé par Mohamed Boussaid, la révision à la hausse des prévisions de croissance pour l’année 2018. Si la loi de finances tablait sur un taux de croissance de 3,2% pour l’année en cours, cette prévision a été réévaluée à 3,8% en raison de «l’amélioration des performances du secteur agricole».
Des prévisions qui auraient pu être encore plus optimistes si le secteur non agricole était plus performant. La croissance sans ce secteur devrait atteindre 3,3% au lieu des 3,8% prévus par la loi de finances 2018. Le ministre des Finances note toutefois qu’il s’agit d’une amélioration par rapport à l’année 2017 où le taux de croissance non agricole avait atteint les 2,7%.
«Attentisme » du secteur privé
Alors que le taux de chômage a dépassé la barre symbolique des 10% durant l’année 2017, Mohamed Boussaid estime que cette situation est «la résultante d’un certain nombre de politiques», mais aussi d’une faiblesse de l’investissement privé.
Une faiblesse qui s’explique par «l’attentisme» de certains opérateurs économiques du Royaume que le ministre compte accompagner dans «leur quête de compétitivité» sans toutefois donner plus de détails.
Boussaid évoque également la préparation de la loi de finances 2019 qui prendra en compte «la contrainte de garantir la paix sociale». Lors de la présentation des grandes lignes du texte devant la commission des finances au parlement, le ministre avait affirmé que le coût supplémentaire des revendications sociales s’élèverait à 14 milliards de dirhams, sachant que le dialogue social nécessitera une mobilisation de 6,4 milliards de dirhams sur une période de trois ans.
Selon lui, le texte déterminant la politique économique du Royaume pour l’année à venir devra répondre à cette équation : «comment faire plus de social tout en relançant l’économie et maintenir l’équilibre des finances publiques».
Le ministre rejette toutefois l’option d’une réduction des dépenses publiques. Il affirme ainsi que ses équipes planchent sur «les points d’équilibre pour répondre aux exigences et aux priorités du moment».
Horizon 2021
La loi de finances sera la première à s’inscrire dans le cadre d’une programmation triennale, conformément aux dispositions de la loi organique des finances.
Cette programmation, qui couvrira la période allant jusqu’à la fin de son mandat, aura pour priorité «l‘accélération de la mise en œuvre des réformes en vue de dégager les marges financières nécessaires au maintien des équilibres». Autant de chantiers à prendre en compte dans l’élaboration du nouveau modèle de développement demandé par le roi Mohammed VI.
A l’horizon 2021, l’objectif du ministre est d’atteindre une croissance située entre 4,5 et 5,5%, un déficit budgétaire de 3% du PIB et une inflation maitrisée à moins de 2%. Le taux d’endettement devra, lui, être inférieur à 3%.
Mohamed Boussaid table également sur une stabilité des dépenses de fonctionnement. Pour ce qui est de la compensation, le ministre mise sur un prix de gaz butane à 544 dollars la tonne en 2019 et 560 dollars pour les deux années suivantes.
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