S’exprimant sous serment devant des députés réunis en commission d’enquête, le ministre a déclaré qu’il avait été informé par son cabinet au lendemain des faits, le 2 mai, et que ses services avaient transmis l’information aux services présidentiels de l’Elysée.
« Ce n’est qu’en rentrant en début d’après-midi que, lors de l’un de nos points de situation quotidiens, mon directeur de cabinet et mon chef de cabinet m’informent de l’existence d’une vidéo montrant des faits de violence » impliquant M. Benalla, a-t-il déclaré lors de cette audition très suivie en France.
« Ils m’indiquent avoir déjà informé le préfet de police et avoir porté cette information à la connaissance du cabinet de la présidence de la République, ce qui est une démarche tout à fait appropriée puisque c’est à l’autorité hiérarchique de prendre toutes les mesures qui s’imposent sur la plan administratif comme sur le plan judiciaire« , a-t-il ajouté, rejetant donc sur l’Elysée la responsabilité de la transmission à l’autorité judiciaire. « Je considère que c’est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d’un signalement » à la justice, a-t-il déclaré.
Cette audition de M. Collomb était très attendue depuis que l’affaire a éclaté la semaine dernière, une des plus grave crises pour la présidence Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017.Les images à l’origine du scandale, diffusées par la presse, montrent Alexandre Benalla, un conseiller sécurité de l’Elysée, proche du chef de l’Etat, molestant des manifestants, alors qu’il était intégré en tant qu’observateur dans le dispositif policier encadrant la manifestation parisienne du 1er mai qui dégénère. Son statut ne lui permettait pas de prendre part activement au maintien de l’ordre.
Informés dès le lendemain, les services de l’Elysée ont mis à pied M. Benalla, sans en prévenir la justice. Depuis que le scandale a éclaté, l’Elysée a annoncé le licenciement de M. Benalla, mis en examen par la justice dimanche, ainsi que Vincent Crase, un employé de LREM, le parti présidentiel, qui se trouvait avec M. Benalla lors des faits, et trois haut gradés de la police soupçonnés d’avoir transmis à M. Benalla des images de vidéo-surveillance de l’incident. Outre l’enquête judiciaire, une enquête interne de la police est en cours.
Un autre acteur de cette crise, le préfet de police Michel Delpuech, doit être entendu devant des députés lundi à 12H00 GMT, alors que certains députés souhaitent également entendre d’autres personnes qui auraient pu être impliquées. Selon des sources parlementaires, une commission d’enquête de l’autre chambre, le Sénat, pourrait entendre mercredi le directeur de cabinet du président de la République Patrick Strzoda. Les Sénateurs doivent par ailleurs entendre M. Collomb mardi.
« C’est l’Elysée qui doit apporter une explication, plus peut-être que le ministre de l’Intérieur« , qui « risque » de servir de « fusible« , a estimé lundi matin la cheffe du Rassemblement national (extrême-droite), Marine Le Pen. « Évitons le procès politique« , a déclaré lundi matin le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, suivant une ligne de défense consistant à accuser l’opposition d’irresponsabilité et de sur-réagir. « Moi ce que je souhaite, c’est que nous retrouvions le sens de l’ordre républicain, et je m’étonne que des parlementaires, depuis plusieurs jours, objectivement, entretiennent le désordre« , a affirmé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
Alors que le silence d’Emmanuel Macron sur cette affaire est de plus en plus vivement dénoncé, son entourage a fait savoir dimanche soir que le chef de l’Etat juge « inacceptables » les faits reprochés à M. Benalla et promet qu’il n’y aura « pas d’impunité« .
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