Rencontre avec Clélia Chevrier, nouvelle directrice de l'Institut français

Depuis le 18 juin, Clélia Chevrier Kolačko est la nouvelle conseillère de coopération et d’action culturelle de l'ambassade de France et directrice générale de l’Institut français du Maroc. Un début de mission chargé pour la remplaçante de Jean-Marc Berthon, qui a bien voulu s’accorder une pause avec Telquel.ma pour sa première sortie médiatique. Rencontre.

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Clélia Chevrier Kolačko, nouvelle Conseillère de coopération et d’action culturelle et Directrice générale de l’Institut français du Maroc. Crédit: Institut français du Maroc

Institut français du Maroc, Rabat. La nouvelle directrice générale de l’Institu français du Maroc et conseillère de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France, Clélia Chevrier Kolačko, nous reçoit dans son bureau situé au 4e étage. Le même bureau qu’occupait Jean-Marc Berthon – son prédécesseur – appelé à l’Elysée pour conseiller le président français Emmanuel Macron sur les questions de politiques de développement, de climat, de francophonie, de droits de l’Homme et de société civile.

Les salamalecs d’usage expédiés, Clélia Chevrier Kolačko confie tout de go qu’elle avait choisi d’elle-même le Maroc. « C’est un nouveau pays, une nouvelle zone géographique. C’était vraiment un choix de ma part, je voulais faire cette expérience, d’aller vers une autre région et un pays très important pour la France. » « C’était aussi la possibilité de prendre de nouvelles fonctions », poursuit la nouvelle directrice orientée, de par son passé, vers l’Europe centrale et orientale.

Du privé au public…

Car avant d’atterrir à Rabat, ses fonctions au ministère des Affaires étrangères l’ont menée à Moscou, en Russie, et à Zagreb, en Croatie. Formée à Sciences Po Paris et diplômée de commerce de l’Université de Mannheim en Allemagne, Clélia Chevrier Kolačko est rapidement repérée par la société américaine Accenture, où elle officiait comme consultante en conduite du changement. « J’ai fait mes études à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la section économique et financière, avec l’idée d’aller travailler dans le secteur privé », explique-t-elle.

Du secteur privé au public, il n’y a qu’un pas que franchit Clélia Chevrier Kolačko, d’ores et déjà animée par les « carrières internationales ». Elle abandonne alors son expérience, « très enrichissante », au sein de l’entreprise américaine pour intégrer la diplomatie française. « J’avais envie de quelque chose d’autre, et j’ai donc décidé de me réorienter. Je suis retournée passer les concours pour entrer dans la diplomatie. J’ai repris les études pour les préparer, j’en ai passé plusieurs et la ténacité a payé, » se félicite celle qui avait rejoint la fonction publique au ministère des Affaires étrangères, en tant que rédactrice à la sous-direction des affaires financières internationales du Quai d’Orsay – où elle suivait les institutions multilatérales économiques – avant d’être chargée de mission auprès du secrétaire général.

… et de Moscou à Rabat

Grâce à son profil « plutôt économique », et sa maîtrise de la langue russe, en 2008 Clélia Chevrier Kolačko se voit propulser à l’international comme financière adjointe pour la Communauté des états indépendants (CEI) au service économique de Moscou – où elle était amenée à suivre la Russie et l’Asie centrale. « Je voyageais beaucoup. Des pays qui ne sont pas forcément très connus, ce qui rendait ma connaissance de la zone intéressante », confie-t-elle.

Trois ans plus tard, elle est nommée à l’Ambassade de France à Zagreb, en Croatie, où elle sera la première conseillère. « J’étais ce qu’on appelle le numéro 2 de l’ambassade et bras droit de l’ambassadeur. Je gérais à la fois la petite PME qu’était cette ambassade réunissant près de 50 personnes, et je faisais l’intérim de l’ambassadeur quand celui-ci était absent. Un volet politique (négociations, représentation) et un volet managérial », explique celle qui sera appelée en 2015 à la direction de la culture, de l’enseignement, de la recherche et du réseau du ministère des Affaires étrangères pour officier comme sous-directrice à l’Enseignement supérieur et à la recherche.

Un lien entre  Marocains et  Français

La nomination de Clélia Chevrier Kolačko à l’Institut français du Maroc est effective depuis le 18 juin. Le processus ? « Pour les très grands postes de conseiller culturel à New York, Londres, Berlin, comme pour Rabat, la sélection se fait devant une commission, la commission Médicis. J’ai présenté ma candidature, avec un CV et une lettre de motivation », explique la concernée, qui a également passé un grand oral devant un jury constitué de représentants du ministère de la Culture, du ministère de l’Education nationale et du ministère des Affaires étrangères (composé de l’inspection générale, de la directrice des ressources humaines, du directeur de la mondialisation et de celui de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient).

Durant ce grand oral, la nouvelle conseillère de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Maroc a présenté ses motivations et son projet pour l’Institut français. Un projet qu’elle compte développer, maintenant, après avoir acquis une certaine connaissance du pays. « L’idée est bien sûr de ne pas plaquer au Maroc un projet imaginé en France, mais bien de le créer sur place », rassure Clélia Chevrier Kolačko. Les principaux axes du projet ? « Renforcer le lien entre les Marocains et les Français, créer des passerelles entre toutes nos activités : cinéma, patrimoine, livre, langue française, écoles… et faire en sorte que tout cela s’enrichisse mutuellement », détaille-t-elle.

Coproduire et développer la langue française

La coproduction a une place de choix dans le nouveau projet de Clélia Chevrier Kolačko. « L’idée n’est pas de diffuser simplement la culture française, mais de faire de la coproduction franco-marocaine et maroco-française dans tous ces domaines », explique celle qui mise également sur l’innovation pour mener à bien son projet. Mais la langue française occupe le haut du pavé. « Une des priorités du président de la République, qui lui tient à cœur, et donc une de mes priorités, est la langue française et le plurilinguisme », avoue-t-elle.

Le développement de la langue française donc, mais dans un contexte plurilingue : « Le plurilinguisme étant à la base du Maroc, nous avons beaucoup à échanger autour de la gestion et du développement de ce plurilinguisme, » justifie Clélia Chevrier Kolačko. « Le débat d’idées, le partage de la pensée à la française avec les penseurs et le public marocain, le développement des échanges sur des grandes thématiques de société et la confrontation des points de vue » seront au cœur de ce nouveau projet.

Orienter les étudiants marocains

Si elle avait officié comme sous-directrice à l’Enseignement supérieur et à la recherche en France avant d’atterrir à Rabat, la nouvelle directrice de l’Institut français au Maroc ne compte pas abandonner ce chantier durant son passage au Maroc. « L’enseignement supérieur et universitaire est forcément une de nos priorités, la première communauté estudiantine étrangère en France étant marocaine », assure-t-elle. Et d’insister : « Nous avons vraiment à cœur de développer la qualité de l’orientation, pour que les étudiants marocains décidant de poursuivre leurs études en France puissent réussir leur projet. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de l’espace Campus France : les orienter dès le début de leurs réflexions. »

Quid de l’avenir de l’Institut français au Maroc ? « Etre toujours aussi présent sur le territoire marocain », espère sa nouvelle directrice générale. Et de conclure : « Il est présent dans douze villes et bénéficie directement de l’apport de toutes les spécificités locales de ses antennes. Et cela, nous y sommes très attachés ! ».

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