Le diagnostic de l'OCDE et de l'UA sur les inégalités au Maroc

Dans un rapport sur les «Dynamiques du développement Afrique 2018», l'UA et l'OCDE passent en revue les défaillances des pays africains. Les auteurs du rapport s'attardent particulièrement sur la situation du marché de l'emploi, la croissance, mais surtout la condition alarmante des inégalités.

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Un dispensaire dans la région d'Azilal (Image d'illustration) Crédit: Yassine Toumi/TELQUEL

Fruit d’une collaboration inédite entre le département des affaires économiques de la Commission de l’Union africaine (UA) et le centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le rapport sur les «Dynamiques du développement en Afrique 2018», publié le 11 juillet, se présente comme «une grille de lecture originale du développement de l’Afrique […] au regard des objectifs définis par l’Agenda 2063 de l’Union africaine». Le document s’attarde principalement sur les indices relatifs à la croissance, au marché de l’emploi, ainsi que les inégalités.

Inégalités criantes

En Afrique du Nord, le Maroc arrive en pole position au niveau des inégalités. Avec un coefficient de Gini (mesure synthétique des inégalités de revenu au sein d’une population) le plus élevé de la région : 40,3 %.

D’autres indicateurs sont aussi pris en compte pour évaluer les inégalités. Parmi ces derniers, on relève l’accès à la santé, à l’éducation, ou encore l’indice de « vie décente », le taux de mortalité infantile, l’accès a l’eau potable, à l’électricité ainsi qu’a l’assainissement… Tous confirment le retard du Maroc par rapport à ses voisins.

Les taux « ont remarquablement progressé au cours des deux dernières décennies », soulignent cependant les auteurs du rapport.

Emploi informel et à faible valeur ajoutée

Par ailleurs, le secteur informel « représente 11 % à 33 % du PIB », peut-on lire dans le rapport qui s’appuie sur les chiffres du HCP et de la CGEM. Les auteurs du rapport relèvent en outre que l’emploi informel, 60% de l’emploi, « fragilise une frange de la population déjà précaire, à savoir les plus pauvres et les femmes ». Ainsi en 2014, « sur la population en âge de travailler, 52% des emplois relevaient de l’économie informelle (OIT, 2014)».

D’après le document de l’OCDE, la « croissance reste insuffisante pour converger vers le plein emploi ». En moyenne, le taux de chômage sur la période 1990-2015 s’est établi à 12,8 % en Afrique du Nord. Une moyenne dont ne s’éloigne pas le Royaume où le taux de chômage oscillait entre 9 et 10% de 2009 à 2015.

La création de valeur ajoutée via des industries innovantes reste « le principal défi ». Pour le relever, les auteurs du rapport suggèrent de « lever les barrières à la création, mais aussi à la croissance des petites entreprises », ainsi que booster l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes.

Doucement, mais surement ?

La croissance du Maroc se caractérise par sa stabilité. Elle se révèle ainsi « toujours supérieure à la moyenne de la sous-région, sauf entre 1995 et 1999 ». Cette croissance est « portée par l’exportation du phosphate et de fruits et légumes vers l’Europe, l’essor de services compétitifs ainsi qu’une industrie en pleine transformation », note le rapport.

Une stabilité rare dans une région où les fluctuations sont fréquentes. Toutefois, la croissance du Maroc reste faible, comparée à celle des pays émergents qui présentent des taux à deux chiffres.

Toujours selon le rapport, la productivité se révèle «trop faible pour soutenir une croissance durable». L’accélération des gains de productivité est globalement morose en Afrique du Nord. Le Maroc affiche ainsi 1,1%, derrière l’Egypte (1,3%) et la Tunisie (1,4%).

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