Proparco ambitionne d'injecter 500 millions d'euros en Afrique du Nord d'ici 2020

Proparco mise gros sur l'Afrique du Nord. Le bureau casablancais de la filiale de l'Agence française de développement envisage de financer le secteur privé de la région à hauteur de 500 millions d'euros entre 2018 et 2020, soit un rythme d'investissement plus que triplé par rapport aux 10 dernières années.

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Grégory Clémente, Directeur Général de Proparco et Yazid Safir, responsable du bureau régional d'Afrique du Nord, le 28 juin à Casablanca

Créée en 1977, Proparco était au départ une petite équipe constituée de trois ou quatre personnes basées à Paris », raconte Grégory Clémente, directeur général de la filiale de l’Agence française de développement (AFD), dédiée au financement du secteur privé comme facteur de développement. Depuis, la structure a bien grandi puisqu’elle réalise un volume de financement de 1 milliard d’euros chaque année à travers le monde, et envisage de porter ce volume mondial à 2 milliards d’euros annuels à l’horizon 2020.

Cette forte expansion bénéficiera, dans une large mesure, au continent africain qui est « la priorité géographique de Proparco« , précise le directeur général. « L’objectif est d’apporter 2,7 milliards d’euros au continent d’ici 2020, sous forme de prêt et de prise de participation dans des entreprises ». L’agence envisage par ailleurs d’augmenter son volet de prise de participation à 25% de son activité globale, contre 10% actuellement.

200 millions d’euros potentiels pour le Maroc d’ici 2020

Via son bureau régional, installé à Casablanca depuis 1992, Proparco participe au financement du secteur privé en Afrique du Nord, couvrant le Maroc, la Tunisie, l’ Algérie, la Mauritanie et l’Egypte à hauteur de plus de 550 millions d’euros sur les 10 dernières années. Ce qui équivaut à 66 projets financés, essentiellement à destination des banques et marchés financiers (40%), des fonds d’investissement (20%), de la microfinance (10%) et des infrastructures (9%). Une enveloppe qui devrait plus que tripler sur la période 2018-2020, passant à environ 500 millions d’euros sur trois ans.

Principal destinataire des fonds régionaux, le Maroc représente 40% de l’enveloppe Afrique du Nord avec 217 millions d’euros à destination du secteur privé marocain sur les 10 dernières années. Et « sur 2018-2020, le Maroc devrait, sous toute réserve, également bénéficier de 40% de l’enveloppe globale de  500 millions d’euros », précise Yazid Safir, responsable du bureau régional Afrique du Nord. Un pourcentage qui équivaudrait à environ 200 millions d’euros.

Accompagner les entreprises marocaines à s’installer en Afrique

« Nous avons une stratégie qui découle de la politique d’aide au développement de la France, mais qui entre aussi en résonance avec la stratégie des Etats que nous aidons, et notamment du Maroc. En ligne avec la vision africaine du royaume, nous accompagnons des entreprises marocaines dans le développement stratégique de l’Afrique », explique Grégory Clémente.

Proparco est notamment actionnaire de quatre filiales africaines de la BMCE, et participe au tour de table de la filiale mauritanienne d’Attijariwafa Bank à hauteur de 20%. En 2017, l’agence a également pris  une participation de 10 millions d’euros dans la société de BTP TGCC (Travaux généraux de construction de Casablanca), qui compte déjà deux filiales au Gabon et en Côte d’Ivoire et ambitionne d’étendre sa croissance en Afrique subsaharienne.

Mais c’est le groupe Banque Centrale Populaire qui est « le plus gros client de Proparco dans la région, et l’un des principaux clients dans le monde », précise le directeur général. En plus de l’accompagnement du développement du groupe notamment en Afrique subsaharienne, Proparco a investi 35 millions d’euros, aux côtés de la SFI (Société financière internationale, filiale de la Banque Mondiale), dans la première émission de Green Bonds de la BCP, qui lui permettront de refinancer sur le long terme des projets d’énergie renouvelable.

Grégory Clémente précise que « Proparco n’est pas en compétition avec les banques locales. Nous partageons du risque, nous bouclons des tours de table et apportons des devises quand c’est nécessaire, mais nous sommes dans une position de subsidiarité ». 

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