La relève de l'opéra de Sichuan en représentation à Fès

Focus sur la Liyuanxinlei, une jeune troupe chinoise qui perpétue l’art ancestral de l’opéra de Sichuan. Ses membres se sont produits le 25 et 26 juin au festival des musiques sacrées de Fès.

Par

Zoubir Ali / Festival des musiques sacrées de Fès

À 18 heures tapantes, nous sommes une demi-douzaine de personnes à attendre le début du spectacle de la jeune troupe d’opéra chinoise Liyuanxinlei le lundi 25 juin à Dar Tazi, un ancien palais fassi construit en 1900. La performance est gratuite, pourtant le public n’est pas au rendez-vous, et c’est bien dommage.

On attend presque une heure en écoutant des morceaux du Buena Vista Social Club, avant que des enfants joliment fardés et habillés en habits traditionnels fassent leur entrée sur scène. Ils sont les nouveaux poulains de l’Opéra contemporain de Sichuan qui combine cinq styles différents de performances, dont les prémisses datent du temps de la dynastie Tang (7e siècle).

Traditionnellement, cet opéra est connu pour  son « Bianlian », une technique de changement de visages où « les performeurs changent de masques en une fraction de seconde et sans que le public ne s’en rende compte », nous explique Chen Sijia du bureau des Affaires étrangères de Chengdu (capitale de la province de Sichuan) qui accompagne la troupe. Mais pour leur première performance à l’étranger, les jeunes artistes, âgés entre 8 et 13 ans, ont choisi d’interpréter des scènes de vie quotidienne (plutôt cocasses).

Sur scène, il y a ce tableau acrobatique où un trublion est mis au défi par sa sœur pour réaliser des pirouettes avec un récipient en flamme sur le tête. Le jeune garçon passe avec brio l’exercice d’équilibriste… Un autre tableau historique, cette fois-ci, dépeint une histoire d’amour de personnages appelés Fu Peng et Sun Yujio sous la dynastie Ming (14e au 17e siècle). Amoureux de Sun Yujio, le jeune garçon laisse tomber un bracelet devant sa demeure et la jeune fille accepte ce présent comme signe d’affection et d’amour. L’unique adulte de la troupe, composée de huit personnes, a incarné Yang Yuhuan, concubine impériale de l’empereur Xuanzong de la dynastie Tang. La scène la montre, toute joyeuse, en route vers son rendez-vous galant. Sauf que, la légende raconte que l’empereur qui devait rejoindre son amante pour un déjeuner, l’a abandonnée pour une autre concubine. Désespérée par ce signe de désamour Yang Yuhuan s’est mise à boire jusqu’à l’ivresse.

Une opération diplomatique à la clé

Les artistes, qui viennent de deux écoles élémentaires de Pengzhou – ville sous-provinciale de Chengdu – ont ainsi présenté un aperçu de cet art traditionnel que les autorités chinoises entendent remettre au goût du jour. « La troupe de l’Opéra de Sichuan a été invitée à donner des cours aux enfants et ce sont les autorités locales qui ont financé ce programme parascolaire pour perpétuer la tradition d’un art ancestral et intangible chez la jeune génération en Chine », nous explique Chen Sijia, une accompagnatrice croisée pendant la séance de maquillage des jeunes performeurs.

Après deux mois d’entraînement, les meilleurs d’entre eux ont été choisis et un dossier de candidature a été envoyé aux organisateurs du Festival des musiques sacrées de Fès, « C’était important nous de participer à cette édition du festival, car cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et la Chine. Et aussi, les villes de Chengdu et Fès sont jumelées » nous dit-elle. Une opération diplomatique donc qui a donné au public fassi l’occasion d’avoir des bribes de l’emblématique Opéra de Sichuan.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer