Dans le cadre des Jeux méditerranéens, qui se déroulent du 22 juin au 1er juillet à Tarragone, deux lutteurs marocains, Anwar Tankou et Ayoub Hanin ont profité des quelques heures les séparant de leur match du 25 juin pour fausser compagnie à l’équipe marocaine.
C’est à l’occasion d’un contrôle médical, organisé par les équipes du comité d’organisation des Jeux, que les deux athlètes parviennent à récupérer leurs passeports et à s’enfuir ainsi du village olympique où ils logeaient. Peu de temps après, une vidéo des deux athlètes circule sur les réseaux sociaux. Anwar Tankou et Ayoub Hanin y expliquent leur décision de ne pas revenir au Maroc et de rester clandestinement en Europe.
Les deux sportifs estiment que le milieu du sport au Maroc ne peut leur apporter de réels moyens de subsistance à cause de sa « gestion désastreuse » et du « manque d’argent investi » dans le milieu. Anwar Tankou et Ayoub Hanin accusent par ailleurs les responsables sportifs d’un manque de considération, voire de mépris.
Dans la vidéo, les deux athlètes racontent avoir quitté leur cursus scolaire pour se consacrer entièrement à la lutte. Mais, après avoir des périodes de chômage et quelques « périodes difficiles« , ils estiment que leur situation ne leur permettrait pas de vivre décemment au Maroc.
« La maladie Schengen » du sportif marocain
Contacté par Telquel.ma, le président de la Fédération royale marocaine de luttes associées (FRMLA), Fouad Meskout ne cache pas son amertume : « C’est un gâchis énorme. On a mis de l’argent dans leur préparation ces deux dernières années, ils ont fait des stages en Iran, en Azerbaidjan« .
Un événement qui traduit également une réalité inquiétante : deux athlètes ont préféré une vie d’exil et de clandestinité en Europe plutôt que de poursuivre une carrière sportive dans leur pays natal.
Fouad Meskout approche le phénomène avec réalisme : « La maladie Schengen est contagieuse pour tous les sportifs marocains« . La Fédération avait ainsi toujours pris soin de ne pas envoyer des athlètes de ce niveau en compétition dans l’espace Schengen. Ce qui « aboutit automatiquement à ce résultat catastrophique« , estime Fouad Meskout. S’il reconnaît les raisons qui ont motivé les athlètes à agir de la sorte, Fouad Meskout pense que leur décision de rester en Europe dépendrait de personnes de mauvaise influence. Il n’hésite pas à suggérer « l’existence de complices en Europe qui auraient organisé et incité cette fuite« .
Quant à la responsabilité de leur fuite, selon Fouad Meskout, elle relève avant tout du Comité national olympique marocain et notamment de son directeur technique. Avançant que la liste des athlètes a été définie par le Comité de façon unilatérale, Fouad Meskout décline être à l’origine de l’envoi de Anwar Tankou et Ayoub Hanin à Tarragone. D’après le président de la FRMLA, aucun responsable administratif de la Fédération n’était présent en Espagne. Tous les responsables du Comité olympique, actuellement à Tarragone, sont restés injoignables sur cette question.
Un phénomène récurrent
L’immigration clandestine des athlètes marocains ne date pas d’hier et touche l’ensemble des disciplines sportives. De nombreux précédents, plus ou moins documentés, rythment l’histoire du sport marocain. En 2007, lors d’un stage en Suisse, deux membres de l’équipe de football du Raja désertent leurs postes de façon définitive pour rester sur le continent européen. En janvier 2018, deux handballeurs marocains saisissent l’opportunité d’un stage d’entraînement à Bilbao pour s’enfuir dans la nature.n Une pratique qui ne concerne pas que le milieu du sport marocain. A titre d’exemple, le 25 juin également, au cours des Jeux méditerranéens de Tarragone, trois athlètes tunisiens choisissent de s’enfuir et d’assumer la condition de migrant clandestin en Europe.
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