Manuel a toujours regardé les matches des trois pays qu’il pouvait représenter », se souvient son père, dans un entretien téléphonique à l’AFP. Le solide défenseur central (1,87 m) a toujours refusé de faire un « choix affectif », se disant prêt à défendre les couleurs du premier pays qui l’appellerait en sélection principale. Aujourd’hui avec le Maroc, le joueur promet de « tout donner pour l’équipe nationale ».
Né près de Nancy, dans l’est de la France, il est recalé du centre de l’ASNL, pour manque de technique, en dépit des séances d’entraînement en rab’ concoctées par son père, également baptisé Manuel da Costa. Il perce finalement au club voisin de Jarville jusqu’à un excellent match face à… l’ASNL, qui revient sur son jugement et lui offre son premier contrat professionnel.
C’est avec la France qu’il vit sa première expérience en sélection, jouant à 12 ans contre l’Italie au Stade de France, juste avant la victoire des Bleus sur la Nazionale en quarts de finale du Mondial-98. Puis à 20 ans, le Portugal l’intègre dans ses catégories jeunes avec lesquelles il participe au célèbre tournoi de Toulon en 2006 puis à l’Euro Espoirs organisé l’année suivante aux Pays-Bas, où il se fait remarquer aux côtés de Rui Patricio, Joao Moutinho et Nani, futurs cadres de la sélection portugaise victorieuse de l’Euro-2016.
Entre ces deux compétitions, Luiz Felipe Scolari, alors aux commandes de l’équipe du Portugal, le convoque à quatre reprises chez les A, mais sans jamais le faire jouer. « J’ai grandi en regardant les Luis Figo et les Rui Costa. Scolari m’a convoqué et croyait beaucoup en moi mais, après lui, on ne m’a plus appelé et j’ai décidé de ne plus penser au Portugal. La porte était fermée », confiait-il en 2014 au quotidien sportif A Bola.
Car en 2012 s’était présentée une nouvelle occasion. Eric Gerets, entraîneur du Maroc, manifeste son intérêt mais quitte les Lions de l’Atlas la même année. Badou Zaki reprend contact deux ans plus tard. A 28 ans, Manuel da Costa se dit alors « disponible pour représenter la sélection marocaine avec beaucoup de fierté ». Ironie du sort, sa première sélection avec le Maroc intervient à… Faro, dans le sud du Portugal, lors d’un amical face au Mozambique en mai 2014. Depuis, il est devenu l’un des cadres de l’actuel sélectionneur, Hervé Renard.
« Il a gardé des amis au Portugal, mais en compétition il n’y a plus d’amitié qui tienne », témoigne son père, en pensant notamment à Manuel Fernandes, resté l’ami de son fils depuis le temps des Espoirs portugais et qui participe lui aussi à son premier Mondial, la trentaine passée.
Joueur au talent reconnu par nombre d’entraîneurs et d’équipiers, Da Costa s’est également illustré par son manque de stabilité et ses problèmes extra-sportifs. Nancy, PSV Eindhoven, Fiorentina, Sampdoria, West Ham, Lokomotiv Moscou, Nacional Madère, Sivasspor, Olympiakos, Istanbul Basaksehir… le défenseur a connu pas moins de dix clubs et huit pays en une dizaine d’années.
Pire, en 2011, alors à West Ham, il est accusé d’agression sexuelle dans une boîte de nuit de Ilford, dans la banlieue est de Londres. Mis hors de cause concernant les faits plus graves, il est tout de même condamné à verser une amende pour avoir giflé la victime. Au Nacional Madère, en 2013, il se bat dans les vestiaires avec son équipier Daniel Candeias qui l’avait critiqué pour s’être fait exclure du match. Mis à pied par le club de l’île portugaise, il est alors arrêté pour conduite en état d’ébriété.
« C’est un garçon qui n’aime pas perdre même quand il n’y a rien de sérieux. Cela lui jouait des tours mais, avec ses qualités, on savait que tôt ou tard il atteindrait un niveau bien supérieur, assurait le mois dernier le Brésilien Revson Santos, ancien équipier au Nacional. C’est enfin arrivé avec la convocation au Mondial.»
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