Inforisk, plateforme de collecte d’informations légales et commerciales sur les sociétés marocaines, signale une augmentation sensible du nombre de défaillances de ces entreprises. La défaillance est définie comme l’incapacité d’une entreprise à honorer des engagements financiers. Elle constitue souvent la première menace grave à l’existence d’une entreprise.
Basée sur les données de près de 500.000 sociétés marocaines, et 1.250.000 dépôts de bilan, l’étude d’Inforisk montre une tendance à la hausse des défaillances. En 2009, on comptait une entreprise défaillante pour 10 créées. En 2017, c’est désormais deux entreprises défaillantes pour neuf créées. Un ratio qui a doublé en l’espace de 8 ans. En brut, le nombre de défaillances a été multiplié par 3,3, avec une croissance annuelle moyenne de 16% entre 2009 et 2017.
Les délais de paiement en cause
L’étude pointe les délais de paiement comme principal facteur de ces défaillances. Inforisk établit un lien de corrélation « évident » entre les délais de paiement et la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers. Près de 40% des défaillances seraient ainsi engendrées par des défauts de paiement.
L’étude montre ainsi une concordance entre l’allongement des délais de paiement et la hausse des défaillances d’entreprises. Selon le spécialiste mondial de l’assurance-crédit, Euler Hermes, le Maroc avec 83 jours de délais en moyenne, figure parmi le groupe de pays dont le délai moyen est supérieur à la moyenne mondiale (66 jours en 2017).
Première victime de ces retards de paiement, les très petites entreprises (TPE ), dont le délai moyen de paiement atteignait presque 10 mois en 2016. Ces structures sont également les plus nombreuses en situation de défaillance.
Propositions des économistes de l’Istiqlal
C’est sur la base de ce rapport que l’Alliance des économistes Istiqlaliens formule plusieurs propositions que pour endiguer cette « hémorragie ». Dans le cadre de la loi 49-15, relative aux délais de paiement, ils préconisent le plafonnement à 90 jours du « délai de paiement des créances commerciales dues aux PME » (entreprise dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 50 millions de dirhams).
La deuxième proposition consiste à déduire les paiements en retard des résultats imposables, « en les provisionnant en créances douteuses ». Ce qui, toujours selon l’Alliance des économistes Istiqlalien, « permettra de maintenir le niveau des recettes fiscales ». Afin de soulager la trésorerie des entreprises, il est aussi recommandé par ces économistes, d’accélérer le versement des arrières de TVA aux entreprises créancières.
Enfin, ils proposent la création de plusieurs organismes et procédés de surveillance, notamment un observatoire national des délais de paiement « avec une gouvernance public-privé ». Cet observatoire s’accompagnerait d’un système d’accompagnement par les pouvoirs publics et les institutions financières « pour permettre aux entreprises débitrices de réduire progressivement leurs délais de paiement », et ce afin d’atteindre la limite critique de 90 jours.
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