Il y a du changement au sein du ministère de la Santé. Le département d’Anas Doukkali, dans la plus grande discrétion, vient de mettre fin aux fonctions de quatre directeurs. Il s’agit d’Ahmed Boudak, directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires, d’Omar Bouazza, directeur des médicaments et de la pharmacie, de Maaroufi Abderrahmane, directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies et de Khalid Lahlou, directeur de la population.
Par ailleurs, trois autres appels à candidatures ont été publiés pour pourvoir des postes jusque-là restés vacants : la direction des ressources humaines, assurée un temps par un intérimaire, la direction de l’Institut Pasteur et la direction du Centre hospitalier universitaire Mohamed VI Marrakech.
Ce grand ménage n’a attiré l’attention des médias que le 8 juin, lorsque le ministère de la Santé a publié sans grand bruit les sept appels à candidatures simultanément. « Nous avons appris la décision ce week-end. Aucune information ne nous a été donnée à ce sujet au cours de la semaine dernière », nous a confié le 10 juin un haut cadre du ministère.
Une décision interprétée par certains médias comme une sanction. « La série du Desk qui a mis à nu les turpitudes des pouvoirs publics dans le secteur très sensible du médicament sans compter bien entendu le travail de fond des experts et des parlementaires – qui depuis des années suivent l’industrie pharmaceutique et se sont mobilisés avec abnégation pour briser l’omerta du ‘système Bouazza’ – a poussé le ministre de la Santé à enclencher le nettoyage des écuries d’Augias », écrit le site d’information Le Desk, faisant référence à son enquête sur l’affaire du Pedovex et au rôle du directeur des Médicaments et de la pharmacie, Omar Bouazza.
« Ce ne sont pas des sanctions »
Quelle est donc la raison de ces limogeages ? Depuis le 8 juin, le département d’Anas Doukkali s’est muré dans le silence. Joint le 11 juin par telquel.ma, le secrétaire général du ministère affirme que ce ménage ne s’apparente à aucune sanction. « Croyez-moi, il n’y a pas de lien direct avec une affaire en particulier. Il y a certes des inspections qui ont lieu par-ci par-là, et qui vont être traitées d’une manière administrative, mais l’appel à candidatures n’est pas une conséquence directe de ces inspections », explique Hicham Nejmi.
La raison, nous dit-il, est que « le directeur de la population et celui des médicaments et de la pharmacie sont venus au terme de leur deuxième mandat, bouclant ainsi neuf ans à la tête de leurs directions ». Quant aux deux autres, Ahmed Boudak et Abderrahmane Maaroufi, « ils sont arrivés au terme de leur premier mandat, en vertu du nouveau décret régissant la nomination aux postes de hauts fonctionnaires ».
Pourtant, le même décret permet la reconduction des mêmes directeurs, une option à laquelle Anas Doukkali semble opposé. « Le ministre avait en effet trois possibilités : reconduire la même personne en conseil de gouvernement, la muter à une autre direction ou ouvrir un appel à candidatures », précise le secrétaire général. En lançant l’appel à candidatures le ministre a, estime-t-il, trois objectifs : « Apporter du sang neuf, capitaliser sur l’expérience de ces personnes dans d’autres responsabilités, le tout en donnant un maximum d’égalité des chances à l’ensemble des cadres du ministère pour postuler, l’essentiel étant d’avoir une pépinière de postulants qui, même s’ils ne sont pas retenus, constitueraient la relève ».
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