Les comparutions forcées de témoins se suivent... et ne se ressemblent pas

Pour contraindre Amal Houari à comparaitre au procès de Taoufik Bouachrine le 6 juin, la police est allée la chercher... dans le coffre de la voiture d'une autre témoin, Hanane Bakour, garée chez le fils de Me Ziane, l'avocat de l'accusé.

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Un nouvel épisode houleux dans le cadre du procès de Taoufik Bouachrine. Dans la soirée du 6 juin, des éléments de la police judiciaire se sont rendus au domicile de l’un des fils de l’avocat Mohamed Ziane, chargé de la défense de l’ancien directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum. Le but de cette intervention ? « Exécuter un ordre judiciaire prévoyant l’usage de la force publique pour contraindre plusieurs femmes à comparaitre devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca« . En l’occurence, Amal Houari, journaliste et plaignante dans le cadre de l’affaire Bouachrine.

Selon une source policière contactée par TelQuel Arabi, Amal Houari a été retrouvée cachée dans le coffre de la voiture d’une autre témoin au procès – Hanane Bakour, rédactrice en chef d’AlYaoum24 –  qui était garée dans la résidence du fils de Mohamed Ziane.

Face aux policiers le fils et la femme de Mohamed Ziane ont tenté d’ « entraver le travail de la police, » affirme la même source à TelQuel Arabi, sans plus de précision.

Une scène à peine croyable, corroborée par un communiqué du procureur général près la Cour d’appel de Rabat publié ce jeudi 7 juin. Contacté par Telquel.ma, l’avocat de Taoufik Bouachrine confirme aussi la présence d’Amal Houari au domicile de son fils.

C’est donc sous la contrainte que Amal Houari est arrivée le 6 juin au soir à la Cour d’appel de Casablanca.

Silence radio

Amal Houari s’est d’abord présentée comme plaignante dans le cadre de l’affaire Bouachrine, avant de revenir sur ses accusations au mois de mars dernier sans pour autant retirer sa plainte contre l’ex-directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum.

Dans un post Facebook datant du 29 mai, et augurant de son intention de ne pas se rendre d’elle-même au procès, Amal Houari déclarait : « je ne comprends pas pourquoi, pour témoigner, il faut faire usage de la force. C’est un témoignage forcé et une manière d’être impliquée dans le dossier sans pour autant le vouloir. On va te faire peur à toi et à ta famille ».

ما معنى الاحضار بالقوة العمومية، يعني اجي تشكي بزز، يعني اجي تكوني طرف فالملف رغما عن انفك، يعني غانخلعوك ونخلعوا…

Posted by Amal Houari on Tuesday, May 29, 2018

Devant le juge, Amal Houari a d’ailleurs préféré garder le silence. Elle a également refusé de regarder les deux séquences vidéos la concernant datée du 26 octobre 2016 et retrouvées dans le bureau de Taoufik Bouachrine. Pour ne pas les visionner, elle s’est s’abord voilé les yeux, puis a baissé la tête, rapporte Telquel Arabi.

Après avoir été entendue par le juge Bouchaïb Farih, Amal Houari a été placée en garde à vue sur ordre du ministère public. L’enquête portera sur les raisons qui l’ont poussé à se cacher dans le coffre de la voiture de Hanane Bakour garée chez le fils Ziane. « Considérant que ces faits peuvent être des actes contraire à la loi, une enquête a été ouverte sur les circonstances de cette affaire avec l’ensemble des personnes impliquées, » selon le communiqué du parquet diffusé le 7 juin. Le soir même, la femme et les deux fils de Me Ziane ont été interpelés selon Telquel Arabi. A ce sujet, l’ancien bâtonnier tiendra une conférence de presse ce vendredi 8 juin à Rabat.

Hanane Bakour témoigne

L’audience du 6 juin a également été l’occasion pour le juge Bouchaib Farih d’entendre le témoignage de Hanane Bakour. Sa première citation à comparaitre, le 4 juin, avait elle aussi été mouvementée. Il avait fallu, là aussi, l’intervention de la police pour contraindre Hanane Bakour à se rendre au tribunal. Après que la police se soit présentée devant l’appartement dans lequel elle se trouvait à Rabat, la rédactrice en chef d’AlYaoum24 avait été admise à l’hôpital et transportée en ambulance au tribunal de Casablanca. Elle était repartie de la même manière vers un hôpital de la capitale économique, après une « crise de nerfs », sans avoir eu le temps de comparaitre.

Le 6 juin, devant le juge, la rédactrice en chef a  été interrogée sur le contenu d’une séquence vidéo où elle apparait en compagnie de Taoufik Bouachrine. La journaliste a expliqué qu’il s’agissait de « simples baisers échangés entre deux collègues travaillant ensemble depuis plus de 15 ans ». Cité par TelQuel Arabi, l’avocat de la partie civile, Mohamed Elhoussaïni-Karrout, a affirmé que Hanane Bakour a réfuté le contenu de son procès-verbal devant le juge. Elle a également déclaré qu’il existait des différends entre certaines plaignantes et Taoufik Bouachrine.

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