Layla Haddad, ex-correspondante de la chaîne publique algérienne ENTV, est en train de créer une crise diplomatique. En cause : une vidéo tournée, le 31 mai, depuis l’enceinte du Parlement européen en Belgique. La séquence est vite devenue virale. En quelques jours, la vidéo a été vue plus de 500.000 fois sur Facebook. En tout juste quatre minutes, à l’aide d’un prompteur, Layla Haddad déroule sa vision du pouvoir en Algérie, à l’attention du président Abdelaziz Bouteflika : « Vous voilà assis sur une chaise roulante, le regard hagard et la bouche béante. Vous n’êtes plus qu’un amas de chair, immobile exposé au monde en dépit du mépris de toute une nation. Les barons du régime dont fait partie votre propre frère se sont arrogé le droit de disposer de vous ».
La journaliste Layla HADDAD parle pour la première fois à Abdelaziz Bouteflika
La journaliste Layla HADDAD parle pour la première fois à Abdelaziz Bouteflika.C'est avec spontanéité, sincérité et émotion que la Journaliste Layla HADDAD s'est adressée à Abdelaziz Bouteflika par vidéo interposée : 2 maitres-mots : Humanité et Dignité.
Posted by Breaking TV on Thursday, May 31, 2018
Le message est direct et il a bien été reçu en Algérie. Dès le lendemain de la diffusion de la vidéo, l’ambassade du pays à Bruxelles a diffusé un communiqué pour dénoncer un « détournement inacceptable » des symboles de l’Union européenne, en l’occurrence de son Parlement. La représentation diplomatique de l’Algérie a ainsi regretté que ce décor ait « servi de cadre à cette misérable mise en scène qui rentre dans le cadre de ‘la feuille de route’ de cet agent invétéré de la subversion et de la sédition ». Dans ce texte, Layla Haddad y est qualifiée de « pseudo-journaliste » licenciée en 2002 de la télévision publique pour « incivisme » et « comportement bipolaire », et qui a mis « servilement sa voix et sa plume mercenaires au service de puissances étrangères hostiles à l’Algérie ».
Dans la foulée, le chef de la délégation européenne à Alger, John O’Rourke, est convoqué par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères algérien. Une rencontre durant laquelle le responsable algérien a exprimé à l’ambassadeur « l’indignation » et la « réprobation » d’Alger. Dans un tweet publié à l’issue de cette rencontre, John O’Rourke a affirmé « que les journalistes accrédités auprès des institutions européennes ne parlent pas au nom des institutions, mais en leur propre nom, en ligne avec les principes de liberté d’expression et liberté des médias« .
Nous avons souligné aux autorités algériennes que les journalistes accrédités auprès des institutions européennes ne parlent pas au noms des institutions mais en leur propre nom, en ligne avec les principes de liberté d'expression et liberté des médias.
— John O'Rourke (@JORourkeEU) June 3, 2018
Cette vidéo a été diffusée alors que circulent déjà les premières rumeurs autour de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, en avril prochain. L’homme politique se présenterait ainsi pour un cinquième mandat de président, alors qu’il est en poste depuis 1999 et physiquement faible depuis 2013. Signe principal de cette volonté de renouveler son mandat : la demande de son parti, le FLN. « 700.000 militants ainsi que des millions de sympathisants du FLN demandent… appellent instamment… son Excellence, à poursuivre la mission qu’il a initiée en 1999 […]. Le dernier mot lui revient ».
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