La défense de Bouachrine dénonce un "trucage" des vidéos à charge

La Cour a entamé lundi le visionnage des vidéos à charge contre Taoufik Bouachrine. La défense crie au trucage, la partie civile se montre discrète tandis que l'opinion publique est dans l'attente.

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Taoufik Bouachrine, ancien directeur du quotidien Akhbar Al Yaoum. Crédit: Rachid Tniouni/TELQUEL

Pour les observateurs de l’affaire Taoufik Bouachrine, «le procès entre enfin dans les choses sérieuses», plus de deux mois après son ouverture mouvementée, le 8 mars dernier. La Chambre criminelle de première instance de la Cour d’appel de Casablanca a entamé lundi 21 mai le visionnage des vidéos à charge contre l’ex-directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum.

Ces enregistrements vidéos, au nombre de 50, ont été retrouvés par la Brigade nationale de la police judiciaire sur un disque dur dans le bureau du journaliste au siège du quotidien. Pour le parquet, elles justifient des accusations de «viols, traite d’êtres humains harcèlement sexuel, racolage en vue de la prostitution et usage d’enregistrements et de photos».

Depuis le 15 mai, les audiences ont lieu à huis clos, c’est-à-dire que seuls les avocats des différentes parties sont autorisés à accéder à la salle d’audience. Ramadan oblige et au vu du caractère «sexuel» des pièces à conviction, le juge Bouchaïb Farih a décidé de programmer de nuit les audiences lors desquelles sont visionnées les vidéos.

Pour le moment, 11 vidéos ont été diffusées sur les écrans de la salle 8 de la Cour d’appel. Contactés par TelQuel Arabiles avocats de Taoufik Bouachrine sont sans concession. «Les vidéos sont trop floues, elles semblent avoir été tournées dans l’obscurité. Ni le visage ni la silhouette de notre client ne sont reconnaissables», soutiennent-ils en chœur aux micros tendus des journalistes.

Me Abdellatif Bouachrine, lui, affirme être en possession d’alibis discréditant la véracité des vidéos. «A certaines dates d’enregistrements, Taoufik Bouachrine se trouvait à l’étranger, subissait une opération chirurgicale, roulait sur l’autoroute, retirait de l’argent sur des guichets automatiques», énumère l’avocat avant d’affirmer que «les vidéos ont été fabriquées de toutes pièces». Il demande «une expertise technique pour s’assurer de la crédibilité des pièces à conviction».

Des allégations étayées par l’épouse du journaliste, Asmae El Moussaoui, dans une interview accordée à Goud. «Une des vidéos, où l’on voit la plaignante A. H. en pleins ébats avec un autre homme, est datée du 23 août 2016. Ce jour-là, Taoufik était alité à l’hôpital Cheikh Zaïd à la suite d’une intervention chirurgicale, des documents le prouvent», avance-t-elle.

«La date d’une autre vidéo coïncide à 20 minutes près avec une contravention routière établie par un radar à Hay Riad, à Rabat», poursuit-elle. Malgré le brouhaha médiatique et les lourds griefs pesant  sur Taoufik Bouachrine, son épouse ne doute pas une seule seconde de son innocence. «Ce procès est inéquitable de A à Z. Les ‘victimes’ devraient être poursuivies immédiatement», affirme-t-elle dans l’entretien accordé à Goud.

Fidèle à lui-même, Mohamed Ziane s’est une nouvelle fois illustré face aux caméras. «C’est une honte! On nous a montré un gros traînant un derrière d’une tonne et demi, et on veut nous faire croire que c’est Taoufik Bouachrine!», a crié l’avocat lors d’une intervention devant la presse.

Le bâtonnier a également exprimé son vœu de «lever le secret sur les audiences afin de montrer les vidéos à l’ensemble du peuple marocain pour dénoncer ceux qui se moquent de l’opinion publique».

En face, les avocats des victimes présumées voient en cette stratégie de la défense une tentative de remettre en question l’impartialité de la justice. «Cette même défense de l’accusé qui a exigé des audiences à huis clos pour préserver l’honneur de son client espère aujourd’hui que la cour revienne sur sa décision, ce qui relève de l’impossible», s’étonne de son côté Me Abdelfattah Zahrach. Le procès reprend ce jeudi après le f’tour. Au programme, une nouvelle salve de vidéos.

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