Le ministère de la Culture et de la Communication vient d’inscrire à l’inventaire des sites et monuments historiques une nouvelle vague de bâtiments de la ville de Casablanca, pour la plus part en mauvais état. Concrètement, aucun changement ne peut être opéré sur les édifices inscrits sans que le ministère ou le propriétaire ne soient avertis six mois avant le début des travaux. Néanmoins, cette mesure ne prévoit aucun programme de réhabilitation, alors que plusieurs de ces édifices inscrits en auraient bien besoin…
« L’inscription [au patrimoine culturel national, NDLR] est une première étape de la protection des bâtiments historiques de la ville d’éventuelles démolitions et c’est ce qui nous importe le plus« , nous explique Rachid Andaloussi, président de l’association Casamémoire qui a déposé l’ensemble des dossiers d’inscription. Et d’ajouter : « le devenir de ces bâtiments est par contre exclusivement du ressort des propriétaires qui peuvent en faire des bureaux, des musées ou autre. L’essentiel pour nous c’est qu’aucun bâtiment ne soit rasé ». Retour sur six projets, sur les quinze derniers inscrits.
L’aérodrome de Casablanca Tit Mellil
C’est l’architecte casaoui Jean François Zévaco qui a signé, en 1955, le bâtiment rétro-futuriste de l’aérodrome de Casablanca aux côtés de Paul Messina et Dominique Basciano. La structure en béton armé et aux lignes en courbes ainsi que ses grandes ouvertures, font de ce bâtiment un des joyaux de l’architecture expérimentale casablancaise de l’époque. Depuis la fermeture de l’aéroport d’Anfa, cette aérogare est devenue une plateforme de l’aviation de loisir à Casablanca. L’imposante tour de contrôle a en revanche été démontée.
La cité ouvrière COSUMA
La cité ouvrière de la compagnie sucrière marocaine (COSUMA) a été réalisée entre 1932 et 1937 – elle sera ensuite agrandie en 1951 – par l’architecte français Edmond Brion dans le quartier Roches Noires. A l’époque, la société coloniale voulait construire une cité pour loger les ouvriers « indigènes ». Brion a ainsi travaillé sur « l’atmosphère des anciennes médinas » avec la création d’une enceinte continue, des habitation à patio, des fontaines, un hammam… Dans la première phase du projet, 330 logements ont été construits puis 130 ont été ajoutés en 1951.
L’école Augustin Sourzac
C’est dans le quartier Foncière que l’école Augustin Sourzac (appelée aussi « la Foncière ») est nichée. D’une grande superficie, l’établissement est accessible par deux portes, l’une donne sur la rue Nichakra Rahal et l’autre sur la rue Azilal, dont les détails rappellent l’architecture mauresques – frise en zellige, tuiles en terre cuite, arcs, etc. Si une première ébauche de l’école a été construite en 1916, il faudra attendre 1925 pour avoir la version finale de l’architecte Pierre Bousquet, qui a aussi signé à Casablanca le marché central, l’immeuble Martinet ou encore l’ancienne bourse.
La villa Carl Ficke
L’histoire de cette villa néoclassique surplombant la colline de Mers Sultan est d’abord l’histoire d’un homme, Carl Ficke. Ce patron d’une maison de commerce allemande installé à Casablanca depuis la fin du 19e siècle l’a fait construire au début du 20e siècle. C’est l’autodidacte Ulysse Tonci qui en signe l’architecture. Durant la colonisation, l’homme d’affaire allemand était considéré comme l’une « des bêtes noires » des Français, explique Casamémoire dans son dossier de présentation. Soupçonné d’espionnage, il sera exécuté en 1915. Aujourd’hui, en très mauvais état, le bâtiment sera réhabilité en musée par la ville de Casablanca.
Villa Avenir
A première vue le bâtiment ne paie pas de mine, mais il est « le parfait exemple de conciliation entre l’architecture moderne et traditionnelle« , selon Casamémoire. Comprendre : des formes épurées misent en valeur par des arcs et des tuiles en terre cuite (karmoud). Située à Mers Sultan, la villa Avenir a été réalisée à la fin des années 20 par l’architecte français Louis Henri Fleurant qui collaborait souvent, à l’époque, avec l’administration coloniale.
Bâtiment Pinto
Situé à l’angle du boulevard Oued El Makhazine et de la rue Khawarizmi, le bâtiment a été livré dans les années 30. « Les lignes horizontales très marquées de l’édifice et sa présence de balcons filants, lui accordent une certaine monumentalité dans un quartier où les bâtiments ont une écriture plus fine« , note l’association de protection du patrimoine dans son dossier de présentation. L’édifice a été conçu par les frères Elias et Joseph Suraqui, deux architectes français nés en Algérie qui ont principalement travaillé à Casablanca.
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