Les premiers témoins passent à la barre

Après une pause de plus d'une semaine, le procès des 54 détenus du Hirak a repris mardi 15 mai à Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Cette séance a été marquée par la présence des témoins convoqués par la Cour.

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Crédit : Aicpress

Sur les 34 témoins convoqués par la Cour, 30 ont fait acte de présence.  « Les quatre restants n’ont pas reçu de convocation« , a expliqué le Procureur Hakim El Ouardi. Parmi eux, le khatib dont Nasser Zafzafi aurait interrompu le prêche, vendredi 26 mai 2017 à la mosquée Mohammed V à Al Hoceïma. Si la majorité des témoins sont des civils, des éléments des forces de l’ordre figurent parmi eux. En conséquence, les discussions entre les avocats et le Parquet ont porté sur la procédure juridique à adopter pour mener à bien l’écoute des témoignages.

La défense a également soumis à la Cour, présidée par le juge Ali Torchi, une nouvelle liste de témoins, dont les dépositions concernent deux des détenus, assurant que leur témoignage est « nécessaire ». Pour le Procureur, « il n’y a aucune objection, tant que leur témoignage permettra de mettre en évidence la vérité, malgré le retard de la demande de convocation« . Dans le même sens, les avocats de la défense ont également sollicité par écrit l’exécution d’une commission rogatoire pour entendre 3 femmes, justifiant cela par « leur état de santé qui les empêche de se déplacer à Casablanca ».

Cette fois-ci, Hakim El Ouardi a faire objection, indiquant que « l’exécution d’une commission rogatoire ne peut se faire à ce stade de la procédure judiciaire, mais uniquement au niveau de l’enquête par le juge d’instruction ». L’avocat de la partie civile, Me Abdelkabir Tabih, a ensuite évoqué la possibilité que « le Parquet se charge des frais de transports de ces témoins ». Nouvelle objection du Procureur. « L’article 347 du Code de procédure pénale est clair, la partie qui demande la convocation des témoins est celle qui se charge des frais de transports de ceux-ci », a-t-il rétorqué.

Un policier entendu

Safouan Fares est le premier témoin à être entendu par le juge. Il marche difficilement, et doit s’aider de béquilles médicales. Ce policier était présent sur les lieux de l’affrontement entre manifestants et forces de l’ordre, vendredi 26 mai à la suite de l’incident de la mosquée. En larmes, il raconte être tombé dans le coma après avoir été violemment caillassé et gravement blessé à la tête. Résultat : hémiplégie totale. « Mes collègues m’ont assuré que Samir Ighid est l’auteur de l’agression« , a-t-il confié au juge. Le détenu est ensuite appelé à la barre pour la confrontation. « Je n’arrive pas à le reconnaître, je me base uniquement sur ce que m’ont dit mes collègues », déclare le policier.

Vient ensuite le tour d’un témoin qui affirme avoir été agressé lors d’une manifestation à Oulad Amghar. « Je me suis déplacé de Driouech jusqu’à Oulad Amghar pour participer à une manifestation encadrée par Nasser Zafzafi. Ce jour-là, je tenais à la main un drapeau national. A peine sorti de la voiture, 10 personnes se sont dirigées vers moi en me criant : lâche ce chiffon« , narre-t-il, avant d’affirmer que les détenus Khalid El Baraka, Mohamed Naïmi mais aussi Nabil Ahamjik, « qui tenait un sabre« , l’ont agressé. A son tour appelé à confronter le témoin, Ahamjik  a qualifié le témoin de « dérangé mental », avant de dénoncer « la pièce de théâtre qu’est devenu ce procès« . L’ambiance est tendue, et l’horloge affiche 23  heures passées. Le juge annonce le report du procès au jeudi 17 mai.

Texte : Telquel Arabi

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