A la rencontre des portraits “doubles” de l'artiste peintre Zakaria Ramhani

Jusqu'au 18 mai, l'artiste peintre, Zakaria Ramhani, expose à l'Atelier 21 une série de portraits "des figures universelles de la créativité humaine", intitulée "Double".

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Zakaria Ramhani. Crédit: L'Atelier 21

Barbe ducktail et style élégant, Zakaria Ramhani arrive pile à l’heure à notre rendez-vous à l’Atelier 21. Dans cette galerie d’art casablancaise, il propose, jusqu’au 18 mai, une série de portraits réalisés avec un réseau dense de lettres calligraphiées arabes et latines, baptisée “Double”.

You Are Unique Picasso Laughing-Huile sur toile - 200 x 240cm. Crédit : L'Atelier 21
You Are Unique Picasso Laughing-Huile sur toile – 200 x 240cm. Crédit : L’Atelier 21.Crédit: Telquel

De Frida Kahlo à Ernest Hemingway, en passant par Pablo Picasso, Khalil Gibran ou Gabriel Garcia Marquez, Zakaria Ramhani peint et multiplie les visages, dit-il,“des figures universelles de la créativité humaine” dont il se réclame, souvent saisis à leur jeune âge avant la cristallisation de leur génie.

A travers des grands formats et une gestuelle plastique de plus en plus affirmée, l’artiste-peintre explore différentes propositions autour de la question du double. “La dualité, voire la multiplicité identitaire, a toujours été au cœur de ma pratique” affirme-t-il. Une pratique qui consiste à peindre des visages, généralement le sien, qui s’enchevêtrent et mettent en relief cet “autre qui est présent en chacun de nous”.

Double Young Frida Kahlo - Huile sur toile 175 x 200 cm. Crédit : L'Atelier 21
Double Young Frida Kahlo – Huile sur toile 175 x 200 cm. Crédit : L’Atelier 21.

Mais “Double” marque un jalon décisif dans la démarche de l’artiste. Car, pour sa troisième exposition individuelle, il s’efface et puise son inspiration exclusivement dans “des images d’archives et des icônes, ayant souvent une connotation ironique, qui nourrissent notre imaginaire collectif” explique l’artiste. Même la calligraphie, son véritable motif de signature, est mise au service de la figuration. Celle-ci devient illisible et reprend le rôle d’un simple geste pictural et ornemental.

Double Young Gibran Khalil Gibran - Huile sur toile 150 x 120 cm. Crédit : L'Atelier 21
Double Young Gibran Khalil Gibran – Huile sur toile 150 x 120 cm. Crédit : L’Atelier 21.

Si un rapide tour d’horizon des oeuvres de l’exposition pourrait faire croire que l’artiste s’éloigne du souci de sa propre figuration, Zakaria Ramhani tient à préciser que ces images sélectionnées influencent fondamentalement son psychisme car, dit-il, elles témoignent de son “parcours artistique.

Double Young Victor Hugo - Huile sur toile . Crédit : L'Atelier 21
Double Young Victor Hugo – Huile sur toile . Crédit : L’Atelier 21.

Avec des portraits des icônes du 20e siècle, “Double” pourrait faire office d’un hommage passif mettant en évidence leur impact significatif sur la créativité de l’artiste. Ce dernier s’en défend, estimant que ces portraits établissent “aussi un dialogue avec moi-même en tant qu’artiste établi et projeté dans l’oeil du public”.

You Are Unique #3-Huile sur toile - 200 x 240cm. Cette oeuvre détourne une image iconique qui a fait le tour des médias, celle du tueur de l'ambassadeur russe en Turquie dans une galerie d'art à Ankara en 2016. En répétant le portrait du terroriste, Zakaria Ramhani critique "les multiples versions de cette image marquante qui on pullulé ad nauseam sur le web", explique-t-il. Le doigt, qui a été pointé vers le ciel en signe de victoire, est remplacé ici par un micro. Crédit : L'Atelier 21
You Are Unique #3-Huile sur toile – 200 x 240cm.
Cette oeuvre détourne une image iconique qui a fait le tour des médias : celle du tueur de l’ambassadeur russe en Turquie dans une galerie d’art à Ankara en 2016. En répétant le portrait du terroriste, Zakaria Ramhani critique « les multiples versions de cette image marquante qui on pullulé ad nauseam sur le web« , explique-t-il. Le doigt, qui a été pointé vers le ciel en signe de victoire, est remplacé ici par un micro. Crédit : L’Atelier 21.Crédit: Telquel

Dans cette exposition, Zakaria Ramhani présente également deux installations qui “interrogent le genre de l’autoportrait d’artiste hérité d’une longue tradition dans l’histoire de l’art depuis la Renaissance”, explique celui qui se targue d’avoir exposé au British Museum de Londres, à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, au Musée national de Bahreïn et au Barbican Centre à Londres.

Avec ces installations, Zakaria Ramhani se confronte aux limites de l’auto-représentation. Le miroir et l’anamorphose sont les subterfuges qu’il utilise pour “questionner le rapport de l’image au réel” et de son reflet d’artiste “qui se complète dans mon oeuvre”, résume-t-il.

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