C’est, le 26 avril, quelques heures avant le vernissage de son exposition Obsidienne, que l’artiste-plasticienne Fatime Zahra Morjani nous a reçu. Stressée, mais aussi impatiente à l’idée de faire découvrir son travail au grand public, cette dernière s’est pliée avec joie à la présentation de ces oeuvres. “Je voulais attirer l’œil sur l’environnement, pas en tant que démarche écologique pur, mais sur le lien qu’il entretient avec l’Homme”, nous explique-t-elle. Elle poursuit : “Sarthe a dit ‘autrui est le médiateur entre soi et soi même‘. Pour l’Homme, le médiateur entre lui et lui-même c’est la nature, les animaux. Il essaye de se voir à travers cet environnement, mais en même temps, il le tue. C’est comme si l’humanité était un grand corps malade avec 7 milliards de cellules dont certaines sont malades et en même temps essaye de se retrouver dans l’environnement, de le maîtriser et de le réduire. Tout cela l’impact forcément.”.
Fatime Zahra Morjani puise souvent l’inspiration dans la littérature. Ainsi on retrouve une citation d’André Malraux à l’entré de l’exposition. L’artiste nous détaille l’influence de l’intellectuel sur son travail : “Je suis très influencée par Malraux. Il a écrit un livre à propos de Picasso qui s’appelle Tête d’obsidienne dans lequel il faisait une farce artistique en évoquant une installation qui n’existe pas. C’était un crâne noir, fait en roche obsidienne, une pierre que les Mayas considéraient comme sacrée. C’est aussi une occasion pour moi d’utiliser cette matière brillante ainsi que le noir, une couleur que j’adore et avec laquelle je travaille beaucoup.”
Le noir, voilà le leitmotif de l’exposition. Cette couleur renvoie elle aussi vers l’abstraction, comme nous le détaille Fatime Zahra Morjani : “C’est de l’abstraction organique. Ce sont des images subliminales qui vous suggère que vous aimeriez bien avoir des couleurs. Ça vous renvoie forcément à de la couleur quand vous voyez du noir. Ce que vous voyez dans votre cerveau vous renvoie à des choses contraires et ça induit la couleur. Ici ça induit une forme d’angoisse, une nature figée.”
Au-delà de Malraux, l’artiste trouve aussi ses références dans la culture populaire : “J’aime beaucoup l’univers Marvel, surtout lorsqu’il y a de grandes explosions ou un grand chaos et qu’il n’y a plus de gravité. Tous les éléments flottent à cet instant précis, les pierres, les morceaux de roche, de bétons. Ils sont en lévitation et il n’y a plus de pesanteur. C’est ce moment-là que je trouve crucial, quand il n’y a plus rien. Même pendant cette instant l’homme essayera de contrôler les effets produits.”
Sur le contrôle que l’Homme veut avoir sur la nature comme elle nous l’explique : “L’Homme veut que la nature lui ressemble, ou la maîtriser d’une certaine manière. Il voudrait bien l’avoir dans des petits carrés, des petites cases. En voulant maîtriser les choses, il se soumet lui même en souhaitant s’insérer dans un processus. C’est l’abstraction de la nature. Vous avez du béton partout, même quand on plante un arbre par exemple, on en met tout autour. On tailles ces arbres pour les faire ressembler au maximum à ce que l’on souhaite, parce qu’on a l’impression que l’on exerce un pouvoir.”
L’artiste reste optimiste : “L’exposition reste humaniste, mon soucis reste l’humanité. J’essaye de tirer des signaux d’alarmes en montrant ce qu’il ne va pas. Je mets des images subliminales qui donnent au spectateurs à réfléchir. On s’arrête devant une œuvre et on se demande pourquoi elle est violente. Et puis après on réfléchi à sa situation dans le monde, comment on évolue dans la société. C’est une forme d’appel pour un questionnement intérieur.”
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