Le festival Jidar Toiles de rue, s’invitait à nouveau à Rabat du 16 au 22 avril dernier, pour la quatrième édition. A cette occasion, 11 street artistes venus des quatre coins du monde – Pérou, Mexique, Pologne, Espagne, Grèce, France, Japon, Argentine mais aussi du Maroc – ont mis la ville des lumières en couleur. Retour en image sur les œuvres mais aussi les impressions des artistes.
Iramo, alias Samir Toumi est né à Rabat mais a passé toute sa vie à Casablanca: « Y retourner et dessiner une grande fresque, c’est vraiment magnifique. C’est comme une retrouvaille avec ma mère » explique-t-il. La femme dessinée, et dont il ne voulait pas révéler l’identité avant la fin, c’est une femme marocaine berbère : « le rouge du foulard comme rappel du drapeau marocain et le tatouage qui prouve que c’est une femme avec une identité purement marocaine. Les bâtiments derrière représentent la famille et la société que la femme marocaine éduque”.
Amaia Arrazola est une artiste espagnole. En collaboration avec un autre artiste, Txemy, ils ont peints une femme qui apparait à travers la végétation. Pour réaliser cette œuvre, elle s’est inspirée d’une citation qu’elle aime beaucoup: « Qui cherche la lune ne voit pas les étoiles ».
Milu Correch est Argentine, elle découvre le street art dans son quartier à Buenos Aires. C’est le coup de foudre. Ensuite tout va très vite, en 2011, elle peint sa première fresque murale à l’âge de 20 ans. POur le Jidar festival, l’artiste a peint une grande voiture rouillée derrière un enfant masqué. Les vielles carcasses de voitures, qui sont présentes dans la majorité de ces œuvres, elle adore ça.
Mur0ne est un artiste espagnol, originaire de Bilbao. Il décrit son style comme « assez graphique, plus du design que de la peinture. Dans cette œuvre, on dirait que plusieurs calques se superposent. » Il se dit également très honoré de participer au festival, reconnu dans le monde. Malgré qu’il vive aux îles Canaries, Mur0ne n’avait jamais mis les pieds au Maroc. Il adore: » la nourriture ici est spectaculaire! J’ai mangé comme jamais je n’avais mangé auparavant« , nous confie-t-il, amusé.
Sainer est un artiste Polonais. Son univers artistique est très réaliste et se reconnaît à sa maîtrise des portraits et des visages empreints de mélancolie urbaine. En plus d’une carrière solo, il forme, avec un autre Street artiste polonais, le duo Etam Cru. En 2013, une de leur fresque a d’ailleurs été classée comme la troisième meilleure pièce de Street art dans le monde par Buzzfeed.
Ghizlaine Agzenai, cette artiste Tangéroise nomme toutes ses œuvres Totem. « Un totem c’est un objet qui représente un esprit bienveillant et c’est exactement ce que je veux véhiculer avec mon œuvre, l’optimise, les bonnes énergies. » Avant de s’attaquer à sa fresque géante sur l’un des murs du Musée Mohammed VI, l’artiste s’est amusée à éparpiller dix de ses totems colorés dans les
ruelles des Oudayas de Rabat.
Nelio, ce natif de Lyon, est souvent décrit comme le Picasso du Street art. Depuis 14 ans, il peint au quatre coins du
monde. Pour le Jidar Festival, Nelio confie: « l’œuvre est abstraite, inspirée par l’architecture et l’atmosphère que j’ai ressenti à Rabat. J’ai découvert le mur pour la première fois avec la lumière d’une fin de journée, j’ai voulu retranscrire ce sentiment avec le choix des couleurs« . L’œuvre de Nélio se situe jsute en face de la mer,
Tout droit venu de Grèce, Dimitri Taxis raconte que sa première matinée à Rabat, son « super assistant » Reda l’a emmené faire un tour rapide de la ville. Ils ont avons visité la Medina, entre autre. « C’était un vendredi donc il n’y avait pas beaucoup de monde et la plupart des magasins étaient fermés. Il pleuvait, on était mouillé. Mais c’était très inspirant, les gens, les couleurs. Cette visite guidée m’a donné exactement ce dont j’avais besoin pour peindre mon mur« , explique-t-il.
Decertor, de son vrai nom Daniel Cortez est né à Lima, au Pérou. Ce n’est pas la première fois que l’artiste peignait au Maroc. Il était déjà venu lors du festival Azemmour à El Jadida. « C’était différent, les formats étaient plus petit » nous explique-t-il. Pour le Jidar festival, Decertor nous confie que dans toute sa carrière il n’avait jamais peint « un mur de cette échelle« . Comme pour la plupart de ces œuvres, Decertor a peint, à Rabat, un portrait. Le visage d’une femme, avec des caractéristiques locales. « La proposition de l’image féminine, c’était une nécessité pour revendiquer la figure féminine qui est souvent invisible dans cette société« , déclare-t-il.
Mina Hamada est originaire du Japon mais vit aujourd’hui à Barcelone. Habituée à peindre des œuvres très abstraites, Hamada nous confie, en début de festival, qu’elle a décidé d’expérimenter de nouvelles choses, et de peindre des éléments de la ville de Rabat, « je veux poser une histoire sur le mur, peindre des choses que j’ai vu dans la ville. » C’est dans ses rencontres que l’artiste puise son inspiration. Ne voulant pas émettre de signification exacte quant à son œuvre, elle nous explique « que tout le monde peut se faire sa propre imagination en regardant le mur« . Pour l’anecdote, elle se réjouit de découvrir que son nom a une « consonance » marocaine.
En marge des 11 fresques murales réalisées par ces artistes nationaux et internationaux, une 12ème œuvre a été élaborée sur un mur collectif sur la façade du Souk Al Amal, situé avenue Al Massira, dans l’arrondissement populaire de Yacoub El Mansour. Huit étudiants et semi-professionnels ont été sélectionnés pour cette initiation au muralisme, chapeautée par l’artiste mexicain Dherzu Uzala. En voici un aperçu:
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