Il est 14H45 ce vendredi 27 Avril, une semaine après le lancement de la campagne de boycott de Sidi Ali, Centrale Danone et Afriquia. Nous commençons notre tournée dans des quartiers de la capitale économique pour observer si, sur le terrain, le boycott est effectif.
A la rue de Jura au quartier Maârif, nous franchissons la porte d’un café et demandons au serveur si les clients commandaient toujours du Sidi Ali. « Non« , a-t-il répondu, avant de nous montrer le réfrigérateur empli de bouteilles de la marque ciblée par la campagne, et d’ajouter que « depuis ce matin, il n’y a que deux clients qui l’ont commandé. Ce n’est pas à quoi nous sommes habitués« .
Un peu plus loin, mais cette fois-ci, c’est un café où la petite bouteille de Sidi Ali est servie systématiquement aux clients, tout près du Twin Center. « Depuis le début de la semaine, presque 7 personnes sur 10 refusent de boire Sidi Ali. Ils disent vouloir soutenir la campagne de boycott », témoigne un gérant.
« Le Mercredi soir, il y avait un match de la Ligue des champions. A l’accoutumée, j’ai servi aux clients des petites bouteilles Sidi Ali, mais la majorité a refusé de les prendre. Le lendemain, nous avons contacté un autre fournisseur que les clients ne boycottent pas« , nous confie le gérant d’un autre café au Boulevard Moulay Youssef.
Les épiciers à l’ancienne médina comme les caissières des surfaces de grande distribution confirment que les ventes de la marque d’Holmarcom est en baisse, par rapport à ce qu’ils ont l’habitude de voir passer sous les yeux. « J’ai bien remarqué que très peu de clients achètent Sidi Ali, ces trois derniers jours« , nous affirme une caissière dans un magasin de grande distribution au centre ville de Casablanca.
Du virtuel au terrain
La campagne est en marche. Elle n’est pas restée cantonnée dans les réseaux sociaux sous forme de publications, de commentaires et de partages. « Regardez le réfrigérateur! A cette heure-ci du vendredi, d’habitude, il ne doit plus y avoir de lait fermenté (Lben, ndlr) de Centrale Danone« , fait savoir un épicier au centre ville. « Oui, les gens boycottent les produits de Centrale Danone, et surtout le lait« , ajoute un autre.
Le pouvoir du boycott est d’une efficacité inédite puisque les livreurs de Centrale n’arrivent plus à écouler ce qu’ils ont à livrer aux épiciers. « Un Camion de Centrale est arrivé ce matin pour nous livrer, mais nous n’avons rien récupéré parce que les clients n’en veulent plus« , témoigne un commerçant, chose que confirment samedi plusieurs autres épiciers.
« Le Yaourt de Danone, je peux m’en passer. Mais, si mon enfant le veut, je ne pourrai pas l’empêcher. Comment pourrais-je lui expliquer que nous boycottons Danone ?« , affirme un père de famille au quartier Gauthier.
Nous nous sommes également rendus aux stations d’essence d’aussi bien Afriquia que des concurrents. « Ça fait trois jours qu’on chôme« , nous a indiqué un agent d’une station d’essence du groupe Akwa se trouvant au quartier La Gironde. Certains concurrents disent qu’ils n’ont pas remarqué une augmentation de la demande dans les stations de service, tandis que d’autres affirment en profiter. « D’habitude, nous sommes à 40.000 DH de chiffre d’affaires par jour. Mais, hier nous avons doublé ce chiffre« , nous dit également un agent d’une station d’essence concurrente, en plein centre de Casablanca.
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