A l’approche des élections communales qui se dérouleront le 14 octobre prochain en Belgique, un parti politique fait beaucoup de bruit. Il s’agit du parti Islam. Le 6 avril dernier, Redouane Ahrouch, son fondateur, qui est également conseiller communal à Anderlecht, a annoncé que le parti se présentera dans 28 communes belges, dont 14 des 19 communes bruxelloises.
Dans une interview publiée le 6 avril dernier par le quotidien belge La Dernière Heure, Ahrouch a dévoilé certains grands points de son programme électoral. Par exemple, seuls des hommes pourront figurer en tête de liste. « L’homme devant, la femme derrière et comme ça, elle se sent aussi en sécurité« , explique-t-il.
Des propos qui en ont choqué plus d’un, dont Bianca Debaets du Parti démocrate-chrétien (CD-V), secrétaire d’Etat en charge de l’égalité des chances dans la région bruxelloise. « Je demande à l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes d’examiner si cette proposition est le début d’une discrimination fondée sur le sexe. Cela ne me semble pas seulement une violation de la Constitution, mais aussi de la Convention européenne des droits de l’homme » a-t-elle déclaré sur Twitter.
« Les musulmans majoritaires à Bruxelles d’ici 2030 »
L’homme politique belge ne s’arrête pas là. Il a récemment exprimé son souhait de séparer les hommes et les femmes dans les transports en commun et a assuré à l’agence Belga que les musulmans seraient majoritaires à Bruxelles d’ici 2030 et qu’il était donc logique qu’un parti politique se charge de les représenter. « Tout comme les francophones ont le FDF, il y a maintenant le parti Islam pour les musulmans« , a-t-il déclaré.
Depuis, le parti continue de s’embourber dans des polémiques. Le 22 avril, sur le plateau de « C’est pas tous les jours dimanche », émission belge diffusée sur RTL TVI, Ahrouch a refusé de se faire maquiller par une femme.
Il a également décliné les poignées de main des femmes présentes dans l’émission. Un geste qu’il trouve « plutôt occidental ». Durant toute la durée de l’émission, Ahrouch a notoirement évité le regard de la chroniqueuse Emmanuelle Praet. Après l’émission, celle-ci a déclaré s’être sentie humiliée. « Ce qui fait peur, c’est que je ne pense pas que ce soit un jeu de sa part« , a-t-elle confié.
De Noor à Islam
Ahrouch, qui est chauffeur de bus à la Société des transports intercommunaux de Bruxelles, avait participé à la construction d’une des premières mosquées chiites de Bruxelles au début des années 1990. Un fait inquiétant, sachant que la majorité des musulmans belges sont sunnites. En 1999, il avait lancé un parti similaire à Islam. Baptisé Noor, il n’a pas connu un franc succès et a aujourd’hui disparu.
Lors de sa création en 2012, pour les élections communales et provinciales, le parti Islam prône un discours bienveillant, cherchant « une meilleure intégration des musulmans en Belgique« .
Ses revendications principales concernent alors la distribution de repas halal dans les cantines, l’autorisation de port du voile à l’école, ainsi que l’octroi de jours de congés confessionnels. Lors des élections de 2012, le parti avait obtenu 2 sièges de conseillers communaux: un à Molenbeek et un à Anderlecht.
Cependant, après leur élection, le discours des deux élus a fortement changé. Leur objectif est désormais d’instaurer la charia ainsi qu’un État islamique en Belgique. A ne pas confondre avec l’organisation jihadiste du même nom dont ils réprouvent les actes sur leur site.
Interdire le parti ?
Pour faire du plat pays un État islamique s’appuyant sur le coran, Ahrouch souhaite reprendre le programme de son ex-parti, Noor, composé d’une liste de 40 revendications dont le rétablissement de la peine de mort, la pénalisation de l’avortement ou encore l’interdiction de l’euthanasie (autorisée en Belgique).
En réponse, certains partis politiques belges ont demandé l’interdiction du parti Islam. Ce qui n’est pas possible en Belgique, contrairement à d’autres pays voisins tels que les Pays-Bas ou l’Allemagne.
Une agitation politique qui aura fait beaucoup de bruit, pour un parti dont le succès est très relatif. Du pain bénit pour les partis nationalistes qui n’hésitent pas à jouer avec les craintes de la population pour renforcer leur poids électoral, à l’image de Theo Francken, président du parti nationaliste flamand (N-VA): « En 2012, Islam avait plus de voix à Molenbeek que la N-VA. Nous devons changer cela« , twittait-il le 6 avril dernier.
In Molenbeek had ISLAM in 2012 meer stemmen dan de N-VA.
Dat moeten we veranderen. ? @KarlVanlouwe @lmutambayi @CieltjeVAchter @LiesbetDhaene @jvddriessche https://t.co/LbS7eY7BR1
— Theo Francken (@FranckenTheo) April 6, 2018
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